Dans son essai, l’auteur Alexandre Mathis balaie les thématiques communes à tous les films produits par le studio Ghibli.
Après un bref historique du géant nippon de l’animation, le livre montre qu’en fait, la survie et l’âme du studio dépendent finalement de ses deux réalisateurs originels : Hayao Miyazaki et Isao Takahata (décédé en avril 2018). Même si d’autres réalisateurs ont tenté leur chance, ils n’ont jamais vraiment rencontré le succès escompté.
En parcourant l’ensemble de la filmographie, l’auteur décrit avec minutie ce qui constitue l’univers Ghibli. Il établit des liens entre les histoires et les contes occidentaux, et notamment Alice au pays des merveilles, qui a eu un impact non négligeable mais apparemment inconscient sur Miyazaki et sur Totoro.
Résolument avant-gardiste et moderne, Miyazaki a toujours mis en scène des personnages féminins très forts et émancipés. On se souviendra longtemps de San dans Princesse Mononoke. Alexandre Mathis a même fait passer le test de Bechdel aux films Ghibli. Et il en résulte que nombre d’entre eux montrent un fort taux de présence et d’action féminines. L’autre grand sujet abordé par Miyazaki est lié à l’écologie et plus largement les relations parfois houleuses entre les humains et la nature.
Chacun des chapitres est consacré à ce qui revient souvent dans le cinéma de Ghibli : l’équilibre entre l’imaginaire et le quotidien, les machines volantes et les inventions mécaniques, la passion pour le travail manuel et l’artisanat, la présence de divinités japonaises et autres créatures surnaturelles…
Un monde parfait selon Ghibli n’est donc pas un livre sur l’histoire du studio mais bien une synthèse sur les thématiques récurrentes des films. Pour l’apprécier, il faudra avoir vu, peut-être pas l’intégralité, mais au moins les plus connus des œuvres régulièrement citées : Mon voisin Totoro, Princesse Mononoke, Porco Rosso, Le voyage de Chihiro, Le tombeau des lucioles. Bien sûr le livre aborde aussi les films un peu moins connus comme Kiki la petite sorcière, Souvenirs goutte à goutte ou Si tu tends l’oreille.
Edité chez Playlist Society. 176 pages. 14 euros.