L’accroche de la cassette, sortie chez Hollywood Video au début des années 80, était clair : « A la guerre, vous tuez pour survivre. Dans les rues de New York, c’est souvent pareil ! ». Véritable succès de vidéo-club, The Exterminator (Le droit de tuer, en français), a gagné ses galons de petite série B culte. James Glickenhaus est un véritable spécialiste du cinéma d’action violent et excessif. On lui doit quelques jolis (si l’on peut dire) fleurons du genre : Le soldat et Blue Jean Cop (sorti aussi dans la collection Midnight movie). Il est également producteur de l’excellent Maniac Cop.
D’ailleurs, il partage avec William Lustig un goût prononcé pour les scènes chocs, les ambiances malsaines et pour filmer la faune new yorkaise dans ce qu’elle de moins reluisant. The Exterminator ne déroge pas à la règle. Cette histoire édifiante ne fait pas dans la dentelle.
Vétéran du Vietnam qui a connu l’enfer (forcément), John Eastland mène une vie précaire et assez solitaire. Lorsque son meilleur ami est sauvagement assassiné par une bande de voyous, il décide de reprendre les armes et de mener sa propre guerre, constatant amèrement que le climat urbain et l’enfer vert, c’est un peu le même combat. Il s’érige en nettoyeur, exterminant la racaille, les politiciens véreux, les proxénètes, les pédophiles, les mafieux… Bref, un vrai chemin de croix pour notre valeureux héros qui a l’air d’un brave toutou au repos.
En parallèle, un flic, lui aussi, ancien du Vietnam, mène l’enquête. Décontracté et sympa, il représente l’intégration réussie des vétérans.
En mettant en parallèle le destin des deux personnages, Glickenhaus tempère l’idéologie ouvertement réactionnaire. Mais, à l’instar du formidable Vigilante, le film mérite une seconde lecture. Le taxer de fasciste est non seulement excessif mais erroné. John Eastland est un marginal psychologiquement instable, une sorte de serial killer encore hanté par son séjour au Vietnam. Les premières images sont impressionnantes, car elles montrent une décapitation au ralenti par un Vietcong.
Tout en restant un pur produit d’exploitation, The Exterminator est finalement plus proche de Taxi driver ou de Légitime violence que des productions Canons réacs et débiles avec Charles Bronson ou Chuck Norris. Bien sûr, la fin, réalisée dans un climax de violence paroxystique, va donner raison à Estland, sorte de super héros débarrassant la ville de tous ses parasites alors que la justice reste impuissante. Refrain connu d’un discours populiste ambiant très ancré dans les années 80 mais qui prend aujourd’hui une résonance très contemporaine. Au fond, rien n’a changé.
Concernant la forme, James Glickenhaus emballe les scènes de violence à la manière de Sam Peckinpah, reprenant certains tics visuels, notamment les ralentis lors des impacts de balles.
Il dresse aussi un saisissant panorama de la ville de New York, filmée dans un style frontal, proche du documentaire. En filigrane, il y a aussi un aspect touchant, une empathie réelle pour cette ville, une connaissance intime des lieux. Elle incarne certainement aux yeux du réalisateur le meilleur et le pire de l’humanité.
Sans être un chef d’œuvre, The Exterminator reste un polar hardboiled plaisant et moins douteux qu’il n’y parait. Si la réussite n’est pas complète, c’est en partie à cause de l’interprétation calamiteuse de l’inexpressif Robert Ginty qui n’a pas le physique du rôle. Son visage de nounours est trop mou pour être crédible. Heureusement, il est entouré d’excellents partenaires, notamment Christopher Georges (Frayeurs, Grizzly) et la magnifique Samantha Eggar (L’obsédé, Chromosome 3), dans un rôle un peu sacrifié toutefois.
La copie proposée, malgré quelques tâches et rayures, enterre les éditions précédentes.
(USA-1980) de James Glickenhaus avec Robert Ginty, Christopher Georges, Samantha Eggar
DVD 9 / BLU RAY – NOUVEAU MASTER RESTAURÉ
Version Originale Dolby Digital 1.0
Version Française Dolby Digital 1.0
Sous-Titres Français
Format 1.78
16/9 compatible 4/3 • Couleurs
Durée du Film : 98 mn