Bronies est un documentaire, non pas sur des gâteaux au chocolat, mais sur les fans adultes du dessin-animé Mon petit poney. Ne partez pas tout de suite. Tout comme le micro trottoir qui ouvre le film, vous avez sans doute des idées préconçues: les hommes qui font cela sont soit des pédophiles, des homosexuels, des travestis ou des pervers. Avoir un attrait pour ce programme peut paraître bizarre car le dessin-animé est en effet conçu à l’attention de petites filles.
Si on les a nommés « bronies » (contraction de brother et ponies), c’est que ces fans ne sont plus un petit groupe mais une communauté très active, principalement composée de jeunes adultes masculins. L’objectif du film est donc de faire comprendre d’où peut bien venir un tel engouement pour une chose à priori puérile.
En premier lieu, nous avons droit à l’historique des petits poneys. A l’origine, il s’agit d’un dessin-animé apparu dans les années 80, suivi rapidement par la mise en place sur le marché de produits dérivés, notamment les fameux jouets et leurs accessoires. La créatrice de la série nous explique qu’elle voulait créer des personnages pleins de bon sentiments (générosité, loyauté, gentillesse, etc.) et faire de chaque épisode une leçon sur la vie et l’amitié.
Le documentaire brosse alors le portrait de plusieurs bronies d’horizon différent, aux quatre coins des Etats-unis mais aussi ailleurs dans le monde (Allemagne, Angleterre, Tel Aviv, mais personne en France). Un pilote d’avion, un ado créatif, un autre ayant le syndrome d’Asperger (une forme d’autisme). Tous ont eu d’énormes difficultés à faire leur coming-out et à avouer à leur proche leur passion pour les petits poneys, comme s’il s’agissait d’une maladie honteuse. D’ailleurs en pays red neck, on apprend que mettre des décalcomanies de petits poneys sur la vitre arrière de sa voiture est passible de tabassage !
Sous des aspects colorés et naïf, ce serait finalement toute une philosophie qui se définit à travers les petits poneys. Mieux encore, la communauté s’est emparée de la série pour en faire ses propres dérivés et stimule ainsi la créativité. Des artistes composent ainsi des remix avec les dialogues du dessin-animé, créé des chansons originales avec les personnages. Il y a aussi des parodies comme cette bande-annonce de Matrix reloaded qui a été « ponifiée » :
D’autres se donnent beaucoup de mal comme ce jeune homme qui a adapté mon petit poney sous forme de show laser ! Il y a bien sûr tout un tas de « fan fictions », des histoires, dessins, jeux ou musiques créés par les fans. On constate que le travail des fans a créé toute une sous-culture « petit poney ».
Fatalement, avec l’aide d’Internet, les bronies de par le monde ont voulu se rassembler et organiser des fêter pour célébrer leur passion. Plusieurs « bronycon », conventions réunissant tous les fans, constituent le point d’orgue du documentaire. Tous les protagonistes du film s’y retrouvent. Les doubleurs voix sont invités et sont les stars de la manifestation. Les fans assistent à des spectacles de cosplay et tous sont présent pour partager les valeurs « positives » de mon petit poney. L’organisatrice de la bronycon américaine explique que l’endroit est très prisé car on peut s’y balader déguisé en peluche colorée même si on a 35 ans et la barbe, sans crainte d’être jugé. L’important n’est donc pas tant le dessin-animé en lui-même, mais l’espace de liberté qu’il induit.
Le phénomène est analysé par des psychologues et ils en arrivent à la conclusion qu’il s’agit d’un moyen de trouver un refuge dans un monde considéré comme inhospitalier. Le film insiste, un peu lourdement, sur l’effet bénéfique des bronies. Un petit garçon atteint d’une tumeur au cerveau reçoit ainsi des sous de la part des bronies afin de soulager sa peine. De même, le garçon atteint du syndrome d’Asperger parvient à sortir de chez lui et à « socialiser », quasiment guéri rien qu’en participant à la convention ! Cette vision idyllique du mouvement est sans doute dû au fait que ce sont les créateurs et participants du dessin-animé qui ont monté le documentaire. Ce serait magnifique si Mon petit poney pouvait être l’arme ultime contre la morosité ambiante, la crise, l’intolérance et la violence. L’esprit de la communauté semble pouvoir résoudre tous les problèmes. Cette vision idéaliste sans doute peu réaliste constitue le coeur de la psychologie « brony ».
Le film, réalisé par Laurent Malaquais, est disponible aux USA en dvd et blu-ray, ainsi qu’en téléchargement. Toutes les infos ici : http://www.bronydoc.com/
Avis aux éditeurs français, les producteurs du film cherchent à distribuer le film en France.