Artus Films, la petite boite d’édition dvd qui monte, qui monte, vient en l’espace de deux mois d’éditer 5 titres. Entre film noir oublié, thriller culte, gothique italien et western, l’amateur de cinéma bis n’a que l’embarras du choix. Les deux titres italiens qui m’intéressent représentent d’un côté ce que l’on peut faire de plus bis et racoleur et de l’autre de plus subtil et élégant : Vierges pour le bourreau et l’effroyable secret du docteur Hichcock
Vierges pour le bourreau
Attention : couillonnade culte comme aime le claironner Alain Petit qui évoque la carrière de Massimo Pupillo dans un des bonus. En effet, pas la peine de crier au chef d’œuvre devant cette bisserie sympathique et aberrante qui peut être considérée comme l’ancêtre des tortures porn tels que Saw ou Hostel. Mais ne vous attendez pas à un déluge de scènes de gore, de tripaille, de membres sectionnés et j’en passe. L’horreur graphique, époque oblige, est assez timide. Il n’empêche que pour un film datant de 1965, les auteurs vont assez loin en matière de sadisme et d’effets chocs. Du moins dans le dernier tiers car pendant une heure, il faut bien l’avouer, Vierges pour le bourreau se révèle assez languissant, et même d’une banalité consternante.
Daniel Parks, un éditeur de romans photos, organise des séances photos avec de jolies nymphettes dans un vieux château. Il ignore qu’autrefois ce lieu a été le théâtre de la mort du bourreau rouge dans des conditions horribles. Le bourreau semblerait revenir hanter les lieus. A moins que … il ne s’agisse du propriétaire du château.
Merde, spoiler. Enfin ça n’a aucune importance tant le suspense est éventé très rapidement. Bénéficiant d’une photographie criarde du plus bel effet et de décors magnifiques alternant le kitch sixties et l’inspiration gothique, Vierges pour le bourreau est une agréable série Z qui culmine dans une dernière partie où Massimo Pupillo se lâche en termes d’imagination horrifique. Demoiselle piégée dans une immense toile d’araignée, liquide brûlant jeté sur le corps d’une des malheureuses victimes, chevalet étirant le corps d’une jeune filles. Sage sur le plan visuel, les meurtres n’en sont pas moins d’une perversité folle et titillent l’imagination morbide du spectateur. C’est racoleur à souhait. D’autant que le réalisateur ne lésine pas sur un érotisme purement gratuit ajoutant un peu de piment à son petit délire bis.
Dans le rôle du bourreau Mickey Hargitay en fait des méga tonnes. Avec son corps musclé et huilé, l’ex compagnon de Jane Mansfield se livre à un numéro hystérique et borderline qui prends toute sa saveur aujourd’hui au second degré. Auréolé d’une aura culte, Vierges pour le bourreau est un de ces petits plaisirs coupables qui s’apprécient pour ce qu’il est : une bisserie déviante et désuète en même temps. Paradoxal mais charmant comme tout. A ne pas manquer, au moins pour l’araignée géante qui ressemble à un crabe. Véridique.
L’effroyable secret du Dr Hichcock
A l’opposé, L’effroyable secret du Dr Hichcock est un véritable chef d’œuvre.
Derrière Robert Hampton se dissimule Riccardo Freda, l’un des plus grands artisans du cinéma italien. Vénéré par Bertrand Tavernier qui lui consacra plusieurs études et lui rendit même hommage sur La fille de D’Artagnan, que l’italien devait mettre en scène à l’origine. Freda aborda tous les genres avec un bonheur certes inégal mais avec un raffinement constant apporté à ses réalisations. Curieusement, cet esthète érudit, épris d’art et de littérature, ne portait guère le cinéma d’épouvante dans son cœur. Caltiki et surtout Les vampires, magnifique polar gothique d’après l’histoire de la comtesse Bathory, furent terminés par Mario Bava, son rival de toujours. Et par un effet paradoxal, ses œuvres les plus accomplies appartiennent à ce genre si souvent décrié.
L’effroyable secret du docteur Hichcock est peut-être la pièce maîtresse de son auteur. Déjà l’histoire est extrêmement audacieuse et perverse pour l’époque (1962). Le professeur Bernard (en italien car dans la VF il devient le professeur Hichcock) est un médecin réputé qui a créé un anesthésiant ultra puissant afin d’assouvir son péché mignon. Il s’en sert pour s’adonner à son vice sur son épouse : la nécrophilie ou du moins sous une forme de simulation. Elle finit par décéder d’une dose trop forte. Le docteur s’exile pendant 12 ans et revient avec sa nouvelle femme, Cynthia, la divine Barbara Steele sur le lieu du drame. Dès la première nuit, la belle, déjà inquiète par l’omniprésence de l’ancienne épouse du maître des lieux, subit une apparition fantomatique et menaçante, drapée dans son suaire blanc.
L’effroyable secret du Dr Hichcock est la quintessence du cinéma d’épouvante gothique tout en s’éloignant des thèmes classiques du genre tel que la sorcellerie ou la démonologie à l’œuvre dans La sorcière sanglante ou dans Le masque du démon. Riccardo Freda ose, de façon détournée et symbolique certes, traiter d’un sujet délicat, bravant la morale judéo-chrétienne : la nécrophilie. Bien sûr le cinéaste ne verse pas dans un pamphlet subversif justifiant cette déviance sexuelle mais dresse un portrait anxiogène d’un homme à priori normal, prisonnier de sa pathologie.
Possédant à la fois la rigueur formelle des meilleurs films de la Hammer et la folie esthétique du bis italien, ce petit classique est dominé par une mise en scène d’une élégance inégalée grâce à ses décors surchargés mais ô combien justifiés, ses lumières traversées de rouge et de bleus et ses sublimes cadrages. La beauté plastique du film apporte une dimension poétique et onirique à un récit dérangeant et macabre. Une merveille.
Vierges pour le bourreau
(ITA- 1965) de Massimo Pupillo avec Walter Brandi, Mickey Hargitay, Femi Benussi, Luisa Baratto, Rita Klein… . DVD 9 – PAL – Zone 2. Format : 1.85 original 16/9 compatible 4/3. Durée : 83 minutes. Langues : français, italien. Sous-titres : français Couleur. Déconseillé aux moins de 12 ans.
Bonus : Des vierges pour Massimo, par Alain Petit, Diaporama d’affiches et photos, Bandes-annonces de la collection Gothique.
L’effroyable secret du Dr Hichcock
(ITA-1962) de Robert Hampton (Riccardo Freda) avec Barbara Steele, Robert Flemyng, Silvano tranquilli, Harriet Medin, DVD 9 – PAL – Zone 2. Format : 1.85 original 16/9 compatible 4/3. Durée : 84 minutes. Langues : français, italien. Sous-titres : français. Couleur.
Bonus : Dr Hichcock et Mr Freda, par Gérard Lenne, Diaporama d’affiches et photos, Bandes-annonces de la collection Gothique.
Aie Hichcock et non hitchcock!!!!
Daysolay ! C’est corrigé.
je voulais pas me faire engueuler par alin que je vois ce soir.