Paul est une comédie signée Nick Frost et Simon Pegg, inséparable duo d’acteurs qui avait marqué les esprits dans le fameux Shaun of the dead. A nouveau, on les retrouve ici en tant que comédiens mais aussi en tant que scénaristes.
Après un atterrissage violent sur la Terre dans les années 50, l’extra-terrestre baptisé Paul collaborera en secret avec le gouvernement durant des années. Mais un jour, lassé, il fuit les laboratoires et tombe par hasard sur deux gus, fans hardcore de science-fiction.
Avant tout, il faudra préférer de loin la VO. La voix de Paul n’est autre que celle de Seth Rogen, que l’on retrouve à l’affiche de nombreuses comédies américaines récentes. On peut dire qu’il fait partie de la nébuleuse Apatow. Il prête à l’E.T. son style nonchalant entre nounours sympathique et pote de beuverie vulgaire. Concernant la VF, Paul est doublé par Philippe Manoeuvre ! Personnellement, sa voix m’agace. On a dû lui trouver que la « cool attitude » collait bien au personnage mais pour moi, ce style est artificiel et daté. Tandis que chez Seth Rogen, ça sonne de manière naturelle. Pour finir, il y a presque trente ans d’écart entre les deux. Autant dire une génération !
Sous forme de road movie, Paul accumule les idées rigolotes. Ainsi, une bonne partie de la science-fiction contemporaine serait en fait issue des témoignages de l’alien. Quelques personnalités font d’amusantes apparitions dont une particulièrement réussie à la fin du film (il vaut mieux garder la surprise). L’humour vient donc principalement des références, et certains clins d’oeil nécessiteront une connaissance approfondie des films de SF. Comme toujours chez Pegg/Frost, on se moque gentiment des geeks, autrement dit des types un peu trop passionnés par ce qu’ils aiment, mais toujours avec respect. On le comprend vite, le duo d’acteurs/scénaristes sont certainement eux-mêmes de bons gros fans de science-fiction.
Outre le côté référentiel, on pourra se délecter des relations entre les personnages. Paul lui-même est une sorte de trentenaire pataud qui fume, boit et raconte des saloperies. En somme, l’alter ego extra-terrestre des personnages principaux. On a tant vu d’aliens vindicatifs envahir notre planète. On connait aussi E.T., sorte de panda desséché mais néanmoins très gentil avec les nenfants. Mais on n’avait pas encore vu d’alien hippie. Ils croiseront quelques seconds couteaux : une femme borgne bigote qui va découvrir les jurons et la vie, trois agents très spéciaux, dont un d’une agence très secrète, et qui va tenter de récupérer la créature.
La réalisation de Greg Mottola est plutôt transparente, chose un peu surprenante, car il apportait une ambiance douce-amère via son style à Supergrave ou à Adventureland. Sans doute s’est-il vu un peu obligé de s’effacer derrière le scénario du couple Frost/Pegg quelque peu écrasant. C’est un détail mais il faut mentionner l’excellente intégration dans un cadre « live » d’un Paul en image de synthèse. Au bout d’un moment, on oublie totalement les effets spéciaux. Preuve que le personnage, l’histoire et la qualité des effets spéciaux sont convaincantes.
Paul n’est pas une comédie qui enterrera les autres mais elle contient assez d’idées pour se glisser un peu au-dessus de Hot Fuzz et un peu en-dessous de Shaun of the Dead. Le film est disponible en dvd et en blu-ray avec des bonus pour rigoler encore un peu plus.