Bronson, malgré ses airs de « biopic », ressemble plus à une esquisse psychologique du personnage. De l’aveu même du réalisateur danois Nicolas Winding Refn, personne ne peut pas saisir la personnalité de Bronson dans sa totalité. Michael Peterson (son vrai nom) a toujours eu une propension à la violence, ne sachant pas vraiment dans quelle voie se diriger. Il est toujours en vie, et toujours enfermé au point de n’avoir que de très rares contacts extérieurs.
Charles Bronson (un pseudo qu’il s’est choisi) ressemble à un serial killer et pourtant, quand on l’enferme les premières fois, il n’a tué personne. Son premier forfait est un « banal » vol à main armée dans un bureau de poste. Ce n’est qu’en prison qu’il va progressivement développer une violence compulsive, à l’égard de ses codétenus et des surveillants. Il prend son pied au sein des infrastructures pénitentières, à tabasser des gens à en prendre d’autres en otage, et à provoquer des situations de conflit. Ne sachant pas très bien quoi en faire, l’administration britannique va le placer en hôpital psychiatrique. Bronson lui-même ne sait pas ce qu’il veut, même quand on lui demande ! Il ne rentre dans aucune case. Se faire maltraiter ne lui fait pas peur, bien au contraire. Toutes les motivations habituelles (fonder un foyer, gagner de l’argent) ne fonctionnent pas sur cet homme insaisissable. Il cherche alors à devenir célèbre et devient en effet le prisonnier le plus violent de Grande-Bretagne !
Bronson est un film protéiforme et décousu, sans véritable trame linéaire, que l’on dirait mis en scène par le personnage lui-même. C’est d’ailleurs lui qui nous conte son histoire en s’adressant, sur une scène de théâtre, à un public que l’on ne voit jamais clairement. Cette assistance n’est autre que l’imagination de Bronson qui croit avoir un public. Car au final, même si ses débordements lui valent quelque attention, qui s’intéresse vraiment à ses idées ? Dans les bonus, le réalisateur avoue partager un concept de vie commun avec son personnage principal. Il exècre l’autorité et use de l’art cinématographique comme un exutoire à sa part des ténèbres.
La musique est très souvent utilisée en contrepoint à l’action. Alors que les images nous montrent un univers carcéral inhumain, on nous fait écouter du Haendel, du Wagner et du Schubert. Le réalisateur, tout comme Bronson, se sert d’un cadre artistique, pour y créer un violent chaos.
Les bonus du dvd sont très intéressants. Nicolas Winding Refn se livre à une auto-analyse de ses obsessions, ses peurs et de ce qui le fait aller de l’avant. Il évoque ses influences (Orange Mécanique, Ken Russell). L’acteur Tom Hardy raconte comment il a vécu l’expérience et explique avec beaucoup (trop) de détails sa rencontre avec le vrai Bronson. Comment il a noué une relation avec ce prisonnier très particulier. On notera qu’il est très difficile de reconnaître l’acteur dans l’interview. La métamorphose en « Bronson » est extraordinaire. Enfin, supplément ultime, on peut écouter les longues logorrhées de Michael Peterson, qui parle du film (qu’il n’a pas pu voir) et de la philosophie qu’il a développée grâce à sa situation exceptionnelle.
Sortie en blu-ray et dvd chez Wild Side Vidéo.