Sacha Baron Cohen récidive en créant le remplaçant de son Borat. Le concept est exactement le même, « l’auteur » se met dans la peau d’un personnage, force la caricature, afin de faire ressortir les plus viles pulsions chez des quidams, américains de préférence. Borat stigmatisait la peur de l’étranger et l’antisémitisme. Brüno s’attaque à l’homophobie, en passant par l’univers de la mode et par le shobiz (voir l’hilarante « interview » d’Harrison Ford).
La comédie burlesque de Sacha Baron Cohen est double tranchant. Prise au premier degré, on rit à gorge déployée pour peur que l’on soit amateur d’humour absurde et de grosses conneries un peu à la mode « Jackass ». Ainsi Brüno se pose systématiquement en némésis de la personne interviewée.
Il force à chaque fois la caricature afin de pousser son intervenant dans ses derniers retranchements. Le clou du spectacle arrive quand il s’improvise catcheur en Alabama dans une salle remplie de rednecks chauffés à blanc par le désir de voir deux mecs se mettre sur la gueule. Brüno transforme alors le combat et sur le ring, les deux hommes se roulent des pelles avant de se déshabiller, provoquant l’ire des spectateurs bourrés de testostérone.
Le problème se situe dans les conditions de tournage. On ne sait jamais vraiment comment les gens sont piégés. La plupart du temps, la caméra n’est pas cachée donc les gens se savent filmer et l’on devine que Sacha Baron Cohen a dû organiser un traquernard. Cela n’empêche pas certains de dire des horreurs avec une effrayante spontanéité…
Pour apprécier Brüno, il faudra donc être un peu schizophrène. Bas de plafond pour rire aux énormes farces, il sera aussi nécessaire de prendre du recul pour comprendre quel est le discours de ce provocateur, qui n’est d’ailleurs pas très clair. S’il critique ouvertement certaines stars, on les retrouve à la fin pour une chanson, devenues subitement complices de la farce…
Disponible en dvd et blu-ray chez Sony Picture Home Entertainment.