Attiré par un mystérieux trésor, les Heike (les rouges) viennent tyranniser un village pour s’emparer de l’or. Entendant cela, les Genjis (les blancs) viennent s’interposer et réclament leur part. Une guerre éclate avec, au milieu, un mystérieux mercenaire solitaire à qui l’on impose de choisir son camp.
Retrouver Quentin Tarantino dans une double-apparition dans le film n’est sans doute pas un hasard, tant il partage des points communs avec Takashi Miike. Tous deux enfants terribles dans leur pays respectif, ils remettent en cause les codes du cinéma traditionnel, pour n’en faire qu’à leur tête. Sukiyaki Western Django est un mélange improbable de Japon féodal, de western spaghetti et de délire « à la Miike ». Le réalisateur nippon, très prolifique, expérimente sans cesse et produit des oeuvres d’une qualité très très variable. Adepte du petit détail qui tue, il ne va pas se gêner pour sortir un anachronisme (Je suis un otaku d’animés, lance le personnage de Tarantino), pour abuser sur le gore ou livrer un plan qui dérange (l’héroïne qui se soulage avant de flinguer de l’ennemi). Son film est un téléscopage à haute vitesse de culture italienne et japonaise. Tous les acteurs sont japonais et tous s’expriment dans la langue de shakespeare. Certains ont du mal à se débarrasser d’un fort accent mais c’est sans doute volontaire de la part du réalisateur fou. Constamment en décalage, l’oeuvre-patchwork rassemble sabres et pistolets, estampes japonaises et saloons au milieu d’une histoire entendue mille fois de bataille de clans.
Visuellement, le film est très fort. Le choix le plus discutable concerne les flashbacks dont les couleurs ont été brûlées. Beaucoup de scènes restent en tête : la mitrailleuse manuelle, la danse sauvage de Shizuka, le village boueux, etc. Au début, cela ressemble à un gloubi-boulga tant les influences visuelles sont différentes. Les chefs sont des sortes « d’idoles » japonaises, stars de musique pop, au top de la mode avec piercing, coiffure excentrique et costumes bariolés. Pourtant on finit par s’y habituer et ce sont les personnages et leurs histoires de vengeance, qui prennent le pas sur l’aspect flashy.
Généralement spécialiste des histoires compliquées et hermétiques (cf Gozu), Miike fait ici un film plus grand public tout en gardant son âme d’expérimentateur. Le film fonctionne comme un vrai western, un genre qui se fait plutôt rare de nos jours. A l’instar de Tarantino, il ingurgite, digère et recrache à sa façon des pans entiers de culture, qu’elle soit traditionnelle ou « geek ». Car Sukiyaki Western Django se place entre un remake et une « préquelle » du célèbre Django de Sergio Corbucci, réalisé en 1966.
Disponible en dvd zone 2 chez WE Prod.
[starrater]