Synopsis
Le jeune Wesley Gibson nous conte en voix off sa pathétique existence, victime passive de cocufiage et d’un harcèlement professionnel manifeste. Le jour où Fox (Angélina Jolie), une belle inconnue, lui apprend que son père est mort assassiné en lien avec de sombres activités criminelles, cette existence bascule dans un deuxième cauchemar. Weysley est recueilli par un groupe d’intervention nommé La Fraternité qui voit en lui le digne successeur de son père et parvient à lui démontrer qu’il est détenteur de pouvoirs extrasensoriels le muant par leur maîtrise en arme redoutable. Coaché par Fox, sa mission est d’éliminer un maximum de vilains dont la liste apparaît mystérieusement à la Fraternité.
Critique du film
Beaucoup de films américains ont une particularité que je leur reconnais de manière de plus en plus évidente, celle de l’ubiquité. Ce don flagrant ici se matérialise dans ma vision de ce cinéma en une question tout aussi frappante: comment peut on faire aussi bon et aussi mauvais en même temps ? Un sentiment proche de ce que le cinéma asiatique peut parfois engendrer, mais tout de même différent devant son cocktail du bon et du naïf. Point de naïveté ici, et puisqu’il est toujours plus cordial de commencer par le décevant en terminant par les qualités, entamons les quelques aspects révulsifs du produit.
Dès l’arrivée d’Angelina et malgré sa taille ultrafine, une odeur de graillon s’installe rapidement. Autant Mc Voy séduit d’emblée par son personnage de loser qui n’en fait pas trop, autant l’équipe de la fraternité pêche par le manque d’originalité des membres qui la composent, de la brute au couteau en passant par la vamp coriace jusqu’au vieux chef à la sagesse obi wan kenobienne… sans parler du passage à tabac initiatique à l’arrivée de Mc Voy qui passe par toutes les « spécialités » nocives du groupe afin de se faire intégrer. Dommage, ce sentiment de déjà-vu mille fois. Outre ce manque d’originalité pénible, le personnage de Fox est agaçant. Lara Croft nous tire sa moue tout au long du film, sans charme ni mystère particulier. Cet aspect too much baby dans le regard, c’est lourd, très lourd. Lourd comme le pas de Morgan Freeman en gourou peu crédible et au jeu faiblement inspiré.
Curieusement, ces points faibles sont souvent balayés par la légèreté de la mise en scène, les effets spéciaux et le scénario. Le rythme du film est très agréable, sans longueur et amenant l’action dans un crescendo mesuré. L’idée d’une voix off, bien dosée sans être envahissante, ajoute un plus en terme de fluidité et d’humour, d’autant que l’acteur qui l’interprète emporte facilement notre adhésion par la justesse de son jeu. La deuxième partie gagne aussi en consistance par l’arrivée d’une guest toujours bienvenue, à savoir Terence Stamp, au contact énigmatique et savoureux. Côté scénario, le film remplit son contrat dans une linéarité savamment rompue par un rebondissement inespéré. L’action et les effets visuels sont incontestablement une réussite, accumulant des scènes époustouflantes, en particulier le déraillement d’un train dont les passagers seront particulièrement secoués. Haletant. La course-poursuite de l’entame du film est également très nerveuse, où l’on rit des cascades défiant tout réalisme (cf l’embarquement à l’arrache de notre héros dans le bolide de Fox…). Stylisé à l’extrême, le parcours des balles filetées contournant des murs et aux trajets courbes s’avère tout à fait improbable…Mais le plaisir est là, dans l’approche cartoonesque du film.
Un film bicéphale donc, jouissif autant que putassier, accrocheur autant qu’insupportable. Se laisse voir, indéniablement.
Critique du DVD
Deux parties : une première où l’équipe nous décrit la construction de la scène de poursuite en voiture, étape par étape. Vraiment pas excitant, surtout que les membres de l’équipe nous prennent un peu pour des débiles. On voit des rampes en métal partout et des étincelles. Durée : 7mn
Une deuxième est un making of classique, nous faisant visiter les décors, environ 8mn.
Bonus pauvres, mais difficile d’imaginer beaucoup mieux pour un tel film…
Réalisateur: Timur Beckmambetov. Avec : James Mc Avoy, Angelina Joli, Morgan Freeman, Terence Stamp
Format: 2.35:1. Audio: Français et Anglais en 5.1.Sous titres: Français Anglais Allemand.
[starrater]
À noter que le film bénéficie d’une bande originale de Danny Elfman particulièrement jubilatoire.
J’adhère 100% à ta chronique. Un film à la fois très con et très bon.
Ensuite, comme d’habitude avec les adaptations hollywoodiennes, les fans du comics originel ont intérêt à passer leur chemin, sous peine de pleurer à chaudes larmes…
Tout pareil. J’ai regardé ce film avec un plaisir coupable. Mais je trouve que la meilleure scène, la plus surprenante quand on connait rien du film, c’est la première.
Le shoot des mouches, moi je dis…
Oui la première scène de « l’execution » cartonne bien aussi. Merci pour vos commentaires. Question; visionne t’on une deuxième fois ce genre de film ?
J’arrive pas à me décider sur Wanted. L’aspect cartoon est bien vu mais le reste c’est du Bling-Bling à l’huile de frites. Le plaisir qu’on peut y trouver est un peu comparable à celui d’un Bad Boys II. J’suis pas le dernier sur le graillon au cinéma, alors son aspect formel « trop, ça n’est pas suffisant » m’a fait bien délirer.
J’ai pas des masses adhéré par contre au sous-texte qui travestit Fight Club en « message » à deux cents. Je vois bien le côté fun qu’il véhicule mais je le trouve un peu trop cynique à mon palais.
Et sinon, ils n’ont pas utilisé les super-combinaisons du comics. Flute…