Dans la petite ville de Castle Rock, dans l’état du Maine, s’installe l’antiquaire Leland Gaunt. Alors que les habitants défilent chez lui pour faire connaissance, il propose à chacun un objet fétiche. Leurs yeux se mettent à briller et l’affaire est dans le sac pour une somme dérisoire… Accompagnée d’un petit service à rendre.
Les adaptations cinématographiques des œuvres de Stephen King ont toujours posé des problèmes. Si l’on voit immédiatement le potentiel de ses histoires, le résultat est souvent une déception. L’affaire sent le roussi quand on sait que c’est le fils de Charlton Heston qui est aux commandes, alors qu’il a réalisé seulement deux téléfilms à l’époque et qu’il retombe dans l’oubli peu après. Le film est donc plombé par une mise en scène assez plate et une esthétique visuelle cheap assez propre aux années 90.
Alors que tout semble mener au fiasco, certains aspects réussis parviennent à sauver le film et à en faire une série B divertissante loin d’être honteuse. On retrouve les personnages forts du récit et ceux-ci sont interprétés par un casting trois étoiles. Au sommet, il y a bien entendu un duel entre le bien et le mal. Le premier est incarné par le shérif, joué par Ed Harris, une valeur sûre. Le second est une figure diabolique interprétée par le grand Max Von Sydow, qui prend un plaisir cynique à torturer les habitants. Ensuite viennent quelques seconds rôles dans lesquels on retrouve avec joie Amanda Plummer en ingénue un peu folle et Bonnie Bedelia (Mme McClane dans Die Hard).
La mécanique du scénario n’est pas vraiment une surprise. Après la première rencontre avec Leland Gaunt, on sait où l’on va et rapidement on devine qu’il va y avoir un engrenage de violences, une petite action entraînant une réaction pire et ainsi de suite. Le jeu de dominos est tout de même assez satisfaisant à contempler, chaque personnage étant atteint par son point faible. Et si l’on voit la chute venir, on se demande qui sera en mesure de la stopper. Il est aussi « amusant » de voir que le film verse tout à coup dans la violence et le gore avec une scène assez traumatisante (on laisse la surprise).
Le Bazaar de l’épouvante est à l’évidence une critique de l’esprit « petite ville américaine » où chacun nourrit une rancœur envers son voisin. A l’heure de la mondialisation et des réseaux sociaux, cette satire sociale paraît un peu datée, bien que certains comportements toxiques soient toujours d’actualité.
Le blu-ray fait ce qu’il peut pour retranscrire une image assez terne, sans flamboyance ni piqué. Néanmoins le grain de la pellicule est là et permet de se retrouver dans une authentique atmosphère nineties. L’intérêt de cette édition est la présence de la fameuse « version longue » de trois heures qui n’avait jamais été éditée pour le moment. Cependant il faudra se contenter d’une simple définition. Le background des personnages est plus détaillé car il est vrai que le montage cinéma a tendance à être un peu haché, lorsque l’on passe abruptement d’un personnage à un autre.
Un livret de 24 pages, rédigé par Marc Toullec (journaliste de longue date chez Mad Movies), accompagne cette édition. On y apprend tous les détails de la difficile genèse du film. Le roman est un gros pavé très dense et son adaptation cinéma semblait déjà compliquée. Le livret donne alors des détails sur ce qui a été conservé ou supprimé.
Les autres bonus : bande-annonce, commentaire audio, featurette
Coffret 2 dvd + 1 blu-ray + 1 livret, disponible chez Rimini Editions.