Même si ce n’est pas un film parfait, J’ai perdu mon corps constitue une belle pépite comme on dit. Et si tous les films qui sortent étaient de ce niveau, ce serait la grande teuf du cinéma.
Une main stockée dans un réfrigérateur se réveille. Elle s’échappe, fuit dans la rue et tente de retrouver son corps. Au fur et à mesure qu’elle se rapproche de son objectif, on découvre à qui appartient le corps et quelle histoire se cache derrière cette brutale séparation.
Jérémy Clapin évoque avec subtilité les souvenirs du toucher. Ainsi, il parcourt l’enfance du personnage principale, Naoufel, et compile tous les moments où le contact de la main a été important. Ce peut être un détail comme prendre une poignée de sable fin sur la plage. Tout ce qui est lié au toucher est abordé avec nostalgie et poésie.
On pense évidemment à la « chose » dans la Famille Adams car la main a sa propre conscience. Elle ressemble à un petit animal qui doit faire face à des dangers liés à sa petite taille : les rats, les voitures, le vent, c’est un véritable périple que de retrouver son corps. Voilà pour le côté thriller. En parallèle, nous voyons le passé par des flashbacks successifs, lorsque Naoufel disposait alors de son corps complet.
Ces retours dans le passé détricotent une histoire d’amour qui prend des proportions inattendues. Il y a donc un joli parallèle entre une histoire physique et une histoire sentimentale qui se rejoignent à la fin.
La fin m’a un peu déçu car elle est tirée en longueur et il n’y a pas vraiment de dénouement, après un récit pourtant riche en émotions et en aventures. Néanmoins, le graphisme est séduisant et propose de belles choses entre réalisme (l’atelier, l’immeuble) et des envolées lyriques. Ce premier long-métrage est prometteur. Peu de films d’animation offrent un propos intéressant et à destination des adultes.
Disponible en dvd et blu-ray chez Sony Picture