La cinéma par la danse, de Hervé Gauville


Cinéma et danse célèbrent tous deux le mouvement mais le mariage des deux arts n’est pas évident. Hormis les comédies musicales, le cinéma entretient des liens ambigus avec la danse. Alors que le cinéma est « enregistré », la danse est un spectacle « vivant ». Ces différences impliquent de nombreuses questions (on peut se demander par exemple s’il faut plutôt des acteurs qui savent danser ou des danseurs qui savent jouer la comédie). L’auteur s’attache donc à souligner en permanence les paradoxes et les similitudes entre les deux arts.

Dans son livre, Hervé Gauville dresse un inventaire de scènes dansées que l’on retrouve dans certains films et il analyse ce que la chorégraphie signifie et apporte au sein de l’œuvre.

On sera heureux de découvrir un vaste panorama de films. L’auteur pioche en effet dans toutes les époques, tous les formats (courts ou longs métrages) et surtout dans tous les genres. L’ouvrage est découpé en chapitres thématiques parfois inattendus. On passe donc d’un film à l’autre, du cinéma à la danse, et vice-versa, de manière fluide.

Le premier chapitre est consacré aux ballets aquatiques. Chaque fois que le cinéma plonge dans un bassin, c’est une invitation à filmer la danse des corps dans le milieu aqueux. Hervé Gauville montre que cela peut aussi être la chorégraphies d’animaux dans des documentaires scientifiques. Il aborde aussi la natation synchronisée (à mi-chemin entre discipline sportive et art) avec des films comme Le grand bain ou Naissance des pieuvres.

Solo, le deuxième chapitre, est dévoué aux danseurs évoluant seul mais pas tant que ça, puisqu’on découvre qu’il y a presque toujours un partenaire, invisible ou imaginaire. Dans le chapitre « en transe », l’auteur prend soin de différencier danse et transe, en évoquant le cinéma de Jean Rouch et ses célèbre Maîtres fous.

Un gros plan est fait sur quelques personnalités qui ont marqué la danse au cinéma : Martine Carol pour son rôle dans Lola Montès réalisé par Max Ophuls, ou l’icône Rita Hayworth. Evidemment, il est impossible de ne pas parler de Pina Bausch dont la vie a inspiré deux cinéastes : Wim Wenders et Chantal Ackerman.

L’auteur décrit de manière détaillée les scènes abordées. Par conséquent, il n’est pas absolument nécessaire d’avoir vu tous les films. Il n’y a pas de vocabulaire trop technique même s’il faudra peut-être se renseigner sur le bastringue, le raout ou la mazurka ! Le sujet reste tout à fait abordable pour n’importe quel cinéphile ayant de la curiosité au sujet de la danse.

Hervé Gauville, critique chorégraphique, utilise à la fois sa culture cinéma et sa connaissance technique de la danse. Je ne crois pas qu’il existe énormément d’ouvrages sur ce sujet, si l’on excepte les classiques comédies musicales.

On regrettera une iconographie assez pauvre alors que la danse se prêtait très bien à l’illustration.

Ouvrage édité chez Capricci


A propos de Jérôme

toute-puissance mégalomaniaque, oeil de Sauron, assoiffé de pouvoir et d’argent, Jérôme est le father de big brother, unique et multiple à la fois, indivisible et multitude, doué d’ubiquité. Il contrôle Cinétrange, en manipulant l’âme des rédacteurs comme des marionnettes de chiffons. Passionné de guerre, il collectionne les fusils mitrailleurs. Le famas français occupe une place d’exception dans son coeur. C’est aussi un père aimant et un scientifique spécialisé dans les nouvelles technologies de l’information. Pour faire tout cela, il a huit doppel gangers, dont deux maléfiques. Il habite au centre du monde, c’est-à-dire près de Colmar.

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