C’est dur de vieillir. The Nice Guys de Shane Black (2017) est l’œuvre d’un vétéran de l’humour boum-boum des 80s, plume des Arme Fatale et Last Action Hero, réal depuis les années 2000 de comédies d’action très oubliables (Kiss Kiss Bang Bang anyone?) Ce film-ci se déroule dans le Hollywood des années 70 et souffre avant tout de débouler vingt ans après The Big Lebowski tout en en reprenant les plus grosses ficelles. Aucun des ressorts comiques ne fonctionne, à commencer par le duo héroïque – Ryan Gosling & Russel Crowe en losers drolatiques cabotinent plus dur que Clavier / Depardieu dans Astérix. Les dialogues sont nuls, les situations burlesques tombent toutes à plat, le rythme est aussi déstructuré que celui d’un morceau d’Autechre & on ne sait jamais bien ce qui relève de la citation ou du franc plagiat. Cerise sur le baba : une grosse dose de moraline premier degré saupoudrée par la gamine tête à claque. Mentir c’est pas bien, la nature c’est choli, la violence ça fait mal. Aïe.
Quentin Dupieux ? Je ne sais pas. Du coup j’ai regardé Wrong (2012) qu’Arte a mis gratos en ligne à l’occasion de la sortie du Daim. Et maintenant j’ai envie de répondre : non, merci. La force du postmodernisme quand on est une feignasse c’est que ça permet de ne pas trop réfléchir. Tout est affaire de copié-décalé, métadiscours, ironie conceptuelle. Prendre un film de banlieue californienne sauce Sundance aigre douce, repiquer les clichés visuels, blinder le scénario neuneu de trucs absurdes ascendant kamoulox. La tambouille finale sera narrativement idiote & plastiquement sans intérêt, mais pourra sembler géniale parce que visiblement FAIT EXPRÈS. Bénéfice collatéral : tout les trucs foirés, pas calés ou franchement navrants finiront par participer de la réussite du film en tant qu’ovni, brûlot et/ou manifeste de création en toute liberté. Wrong m’a évoqué les pires trucs de Daniel Clowes avec son copain Zwigoff : la boucle étrange des artistes branchés se regardant eux-mêmes filmer.