20 films en 20 jours en 1000 signes, épisode 4 : cénobites et pirates


C’est Alt 236, le youtubeur à voix de miel, qui a fini par me convaincre de mater Hellraiser  de Clive Barker (1987) dont je croyais tout savoir pour avoir lu ado un dossier sur le design de ses prothèses latex. Mille signes ne suffisant pas à faire le tour du sujet, je me contenterai de pointer l’étonnante et pléthorique descendance esthétique de ce film dans les comics & le jeu de rôle (le Corinthien de Neil Gaiman, Kult le jeu R18+), le ciné crado apocalyptique fin-de-siècle (meurtres de Se7en, délires bibliques du Millenium de Chris Carter), la SF à arrières-mondes (la soutane de cuir des Cénobites allant aussi bien aux Étrangers de Dark City qu’aux hackers badass de Matrix) et jusqu’aux jeux vidéos d’horreur (Silent Hill & Alone in the Dark en tête, zombies de Last of Us en queue de comète). Par sa beauté affreuse, ce film de maison hanté assez banal contamine après lui tout le fantastique de son horreur cosmico-sacrilègeo-sadomaso. Pas mal pour une série B aux deux-tiers oubliée.

 

Les joyeux pirates de l’île au trésor (1971) est une adaptation du bouquin de Stevenson par des jeunes gens s’apprêtant à retourner la pop culture japonaise. À la réal, Iroshi Ikeda, pilier de la Toei, qui passera chez Nintendo à l’heure de l’explosion de la NES. Au scénar et à l’anim, le juste trentenaire Hayao Miyazaki, qui y met toutes les épices de sa future Sauce Ghibli : gamine à poigne, animaux anthropomorphes, déchaînements naturels. Du livre on a gardé l’auberge, le tonneau de pommes, la grosse croix sur la carte. Le reste est assez bouldingue, avec une bataille navale entre marinières orange et marinières bleues ambiance Mordillo / Où est Charlie, une scène plagiant par anticipation le Pirates de Polanski, une fête avec tango, disco, cocktails empoisonnés. Les gamins se bidonnent pendant les bastons slapsticks, tout ça est joyeux et libre, inconséquent. On y voit encore un peu l’influence de Tex Avery & Disney, mais déjà se profiler les classiques de l’anime des années 80-90.

 


A propos de Léo

écrivain du XIXème, poète maudit du XVIIIème, Léo fut auteur de nouvelles et a publié le roman de sa vie : Rouge Gueule de Bois, ambiance apocalypse alcoolique. Il traîna ses guêtres dans les favellas, il participa à la Révolution d’Octobre et milite aujourd’hui pour l’abolition du droit d’auteur. Malheureusement, il finit sa carrière en tant que pigiste à Cinétrange. Dans l’horoscope de Tolkien, c’est le troll rieur. Il est là. Domicilié à Strasbourg, ou à Rio.

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