Trip, court-métrage de Pascal Stervinou 1


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Pfiou, ça doit faire huit ans que l’on n’a pas parlé du réalisateur Pascal Stervinou. Et pourtant, on l’aimait bien à l’époque comme en témoignent cet article et cet entretien : http://www.cinetrange.com/2009/07/pascal-stervinou/

De façon régulière, il travaille en tant que scénariste ou directeur d’écriture sur des séries d’animation pour enfants. SamSam, Trotro, Arthur et les Minimoys, etc. Des choses gentilles. Parfois, il faut qu’il souffle un peu en abordant des thèmes plus adultes. Il revient donc à la réalisation avec Trip, un projet certes personnel, mais soutenu par une solide production. Les thématiques de Pascal n’ont pas vraiment changé. Il y a toujours l’envie d’illustrer cette cruauté typique des humains. Ce nouveau court-métrage prend pour héros un type plutôt détestable : un jeune chef d’entreprise prend de haut le petit personnel qui s’occupe de l’installation des bureaux tout neufs de sa startup. Alors que tout le monde quitte le building à la veille d’un week-end, le cadre dynamique se retrouve coincé dans un ascenseur pas encore tout à fait opérationnel. Commence alors pour lui un cauchemar car ses appels au secours restent sans réponse.

On devine assez rapidement que l’on va avoir droit à un survival en huis-clos quand les jours s’égrènent à l’écran. Tout concourt à dépeindre un univers désagréable du travail dans le domaine du tertiaire, sans doute un premier propos de la part du réalisateur, qui enferme ses personnages dans des décors géométriques. La photographie froide du film fait ressortir les bureaux inhumains : du métal, du verre, des costumes gris; même les chemisiers colorés sont ternes. Musique électro, cadrages soignés, cet univers désincarné est pourtant synonyme de réussite et de bien-être pour le personnage principal. Mais croiser la femme de ménage gâche tout à coup son rêve éveillé ! Le défi consiste donc à rendre le spectateur empathique avec cet homme antipathique. Nous sommes forcés de vivre cette épreuve extrême avec lui et nous éprouvons à la fois de la pitié et une forme de contentement (ce n’est que justice pour lui!). Peu à peu, le vernis technologique de l’environnement s’effrite pour laisser place à l’organique, à l’humain. Le sang et autres fluides corporels jaillissent. Le trip en question, c’est une sorte de régression à la fois mentale et physique. Le personnage ne s’en sortira évidemment pas indemne.

Évidemment, on attend avec impatience la chute : va-t-il s’en sortir ou pas ? Comment ? Qu’est-ce que cette expérience extrême va lui apprendre ? La fin du film est ambiguë, ne se contente pas d’une morale simpliste, ce qui est peut-être encore plus inquiétant.

Trip est un tout jeune court-métrage qui commence sa carrière. Il pourra être vu en festivals et dans l’émission « Histoire Courtes » sur France 2 mais il n’y a pas de date de diffusion fixée pour le moment. Alors, ouvrez l’oeil !

Trip, réalisé par Pascal Stervinou. 2016. Avec : Thibault Vinçon, Joyce Bibring.

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A propos de Jérôme

toute-puissance mégalomaniaque, oeil de Sauron, assoiffé de pouvoir et d’argent, Jérôme est le father de big brother, unique et multiple à la fois, indivisible et multitude, doué d’ubiquité. Il contrôle Cinétrange, en manipulant l’âme des rédacteurs comme des marionnettes de chiffons. Passionné de guerre, il collectionne les fusils mitrailleurs. Le famas français occupe une place d’exception dans son coeur. C’est aussi un père aimant et un scientifique spécialisé dans les nouvelles technologies de l’information. Pour faire tout cela, il a huit doppel gangers, dont deux maléfiques. Il habite au centre du monde, c’est-à-dire près de Colmar.

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Commentaire sur “Trip, court-métrage de Pascal Stervinou

  • Silvère Adam Étaitpropre

    Diffusé dans l’émission  »Histoires courtes » présenté par la ravissante Pauline Dévi sur France 2, « Trip » est un court-métrage (d)étonnant porté par l’excellent Thibault Vinçon. Celui-ci joue à la perfection une large palette de sentiments allant de l’arrogance à la peur en passant par l’exaspération. Son personnage (r)enfermé voit rouge (comme ses chaussettes !) et petit à petit se met « à nu », laissant apparaitre une petite part d’humanité et une vraie fébrilité. Bien que le scénario ne soit pas si élaboré que ça, Vinçon donne corps et un peu d’âme à un personnage plus complexe qui n’y parait, blessé (dans tous les sens du terme). On aurait aimé que la fin soit un plus élaborée quant à la réaction de ses collègues mais cela nous permet de réfléchir sur notre propre réaction. Quant à lui, cette mésaventure peut lui faire vraiment prendre conscience de ce qu’il est et ce qu’il représente aux yeux de ses collègues. La belle performance d’acteur et la bonne mise en scène de Pascal Stervinou fait, bien qu’assez simple dans le déroulé, une histoire prenante et un court-métrage de qualité.