Furieusement pop et kitch ! Bienvenue dans l’univers débridé de la science-fiction italienne des sixties souvent représentée avec talent par Antonio Margheriti, auteur de quelques petits classiques du genre (La planète des hommes perdus, La planète errante). Mais comme le fait remarquer justement Alain Petit dans les bonus, il n’y a pas eu de véritable âge d’or de la SF pendant cette période, tout au plus une douzaine de films, pour la plupart guère mémorables.
Pietro Francisci est un artisan talentueux qui s’est illustré brillamment avec le péplum. Les travaux d’Hercule avec Steve Reeves, un de ses titres les plus connus, est par ailleurs très réussi. Attila fléau de Dieu, Hercule, La reine de Lydie et La charge de Syracuse méritent aussi le détour. On peut le considérer comme un spécialiste du genre, juste en deçà de Vittorio Cottafavi et Riccardo Freda.
Son incursion dans la SF n’est pas à négliger pour des raisons, disons, transversales. Le cinéaste se moque éperdument d’un récit qui part dans tous les sens. Au final, Destination planète Hydra se transforme en film mutant, mélange incongru d’espionnage, de SF et surtout de comédie, déviant souvent du côté de la parodie.
Cette incursion « comique » est parfaitement volontaire et assumée dès le début, pastiche grotesque d’un tournage d’une publicité. Cette intro nous met en présence de l’attraction principale du film, la pimpante et exubérante Leonora Ruffo, que les amateurs ont déjà vu à plusieurs reprises chez Francisci et surtout dans le génial Hercule contre les vampires de Mario Bava. Elle incarne une starlette écervelée, une ravissante petite idiote, qui se retrouve embarquée dans une histoire abracadabrante au côté du bellâtre Kirk Morris, un autre habitué des péplums. Dès son apparition, elle vole, haut la main, la vedette à tous ses partenaires, tant elle surjoue son personnage d’ingénue avec une absence de retenue qui force l’admiration. Elle roule des yeux, en rajoute dans les moues boudeuses, gesticule dans tous les sens, s’étire constamment, se balade en petite culotte. Elle va jusqu’à charmer un de ces êtres venus d’ailleurs engoncé dans sa combinaison ridicule. Et, moment d’anthologie, elle se promène en plein trip d’apesanteur, en petite tenue et porte jarretelle dans le vaisseau. Ils sont fous ces italiens. Un délice pour les amateurs de bis sexy, rigolo et idiot.
Et l’histoire dans tout ça ?
En gros, si j’ai bien compris, un OVNI a été remarqué en rase campagne. Le professeur Solmi avec l’aide de sa fille, la fameuse actrice en herbe dont les compétences scientifiques semblent inestimables, et de son assistant, vont découvrir un vaisseau spatial, présent sur la terre depuis deux ans. Les extra-terrestres enlèvent nos joyeux héros pour que le professeur, grâce à sa science, les aide à retourner sur leur planète. Mais ce qu’ils ne disent pas, c’est qu’ils ont bien l’intention d’amener aussi les terriens sur Hydra.
Ok, mais juste avant, ils rencontrent des orientaux (dixit la vf) fourbes voulant s’emparer de la découverte du professeur pour dominer le monde (Mais quelle découverte au fait !!!!). Plus tard dans l’espace, après quelques pertes, l’équipe fait une escale sur une planète peuplée de singes bellicistes ????? A ce moment, je me suis demandé si je n’avais pas raté un passage ou loupé un dialogue crucial. Le voyage intergalactique prend alors une tournure pour le moins délirante, voir carrément surréaliste.
Les images colorées, les maquettes en carton pâte tout à fait réjouissantes (le design de l’astronef vaut son pesant d’or), les dialogues impayables, truffés de références et de second degré, et les déviances du scénario participent au plaisir, même pas coupable, que procure ce space opera fauché et amusant. Le professionnalisme du cinéaste, certainement conscient des dérives de son film, permet de passer un bon moment.
Parfois inutilement bavard afin de placer le jargon du petit manuel de la SF pour les nuls (mais on y cause aussi sexe et reproduction !), Destination planète Hydra est un sympathique space opera vintage, agréable pour les yeux à condition de ne chercher aucune cohérence ni le moindre soupçon de réalisme. Et de ne pas faire la fine bouche sur les nombreux emprunts à quelques classiques américains des années 50 (Le météore de la nuit, Le jour où la terre s’arrêta, Les survivants de l’infini).
Et l’épilogue, surprenant de gravité (par rapport au reste et sans jeu de mots), se termine par un message de paix et de communion entre les peuples intergalactiques. Space, sexe and love !!!!! Cerise sur le gâteau, la musique de Nico Fidenco est épatante.
(ITA-1966) de Pietro Francisci avec Leonora Ruffo, Kirk Morris
Durée : 86 minutes. Versions : français, italien. Sous titres : français. Format : 1.85 original respecté 16/9ème compatible 4/3. Couleur. Editeur : Artus Films.
Bonus
Mission Hydra par Alain Petit
Bandes annonces
Diaporama d’affiches et photos