C’est en visionnant récemment l’excitant documentaire sur la Cannon, Electric Boogaloo, que l’envie subite de revoir le deuxième opus des aventures folledingues de Leatherface et sa joyeuse bande de gais lurons, tombait sous le sens. Et je me suis rendu compte que je ne l‘avais pas vu depuis des lustres. Au moins 20 ans.
Le prologue assez conventionnel ne débute pas sous les meilleurs hospices. Et il faut bien avouer que l’esthétique criarde des années 80 en jette beaucoup moins que celle des années 70. Des jeunes lycéens décérébrés se font trucidés à la tronçonneuse tout en conduisant lors d’une séquence assez marrante. La police, toujours aussi perspicace, pense à un vulgaire accident. Les victimes étaient néanmoins en contact avec une animatrice d’une émission de radio sur le rock’n’roll et elle a pu enregistrer le son. Débarque aussi un personnage farfelu, complètement allumé, le lieutenant Lefty Enright, père d’une des victimes du premier opus, qui décide de mener son enquête en parallèle et de se venger en utilisant les armes de ses ennemis.
Massacre à la tronçonneuse, tourné avec un budget dérisoire dans des conditions de tournage difficile, est un chef d’œuvre. Point barre. Tobe Hooper s’en relèvera difficilement. Tentant de réitérer l’exploit avec Le crocodile de la mort, reprenant la structure narrative et l’ambiance de son film précédent, il va perdre au fur et à mesure des années tout crédit auprès des cinéphiles, et même des amateurs du genre, statufié à jamais comme l’homme d’un seul film. C’est à la fois injuste et réducteur. Massacre dans le train fantôme est un des meilleurs slashers de tous les temps, les qualités formelles et narratives de Poltergeist ne sont pas uniquement dues à Steven Spielberg et Life Force est quand même un des projets les plus funs et délirants de la SF de ses 30 dernières années.
Lorsque les nabab de la Cannon, Yoram Globus et Menahem Golan ont proposé une suite à Tobe Hooper, ils ne se doutaient pas que ce dernier orienterait son film vers un esprit ouvertement « cartoon » éreintant dans la joie et la bonne humeur, les vieilles valeurs conservatrices américaines. D’ailleurs l’affiche d’origine, délicieuse, singeait celle de breakfast club. Ecrit par le texan LM Kit Carson, Massacre à la tronçonneuse 2 a bénéficié d’un budget plutôt confortable de 5 millions de dollars. Le tournage s’est déroulé dans un parc d’attraction désaffecté, ce qui nous vaut des décors hallucinants, complètement barrés, orientant le film vers un esprit quasi surréaliste dans sa deuxième partie.
Tobe Hooper évite de refaire le même film et en rajoute dans le gore et l’humour noir. Le cuisinier reclus est aujourd’hui un respectable citoyen qui gagne un concours du meilleur chili. La séquence est quand même extrêmement jubilatoire et peu ragoûtante. L’arrivée de Chop-top (génial Bill Moseley) dans la station de radio est un grand moment d’humour extrême et limite angoissant. Leatherface apparaît encore plus enfantin et décalé que dans le premier, il tombe même sous le charme de la jolie animatrice. Et lui offre un très mignon masque de chair en guise de reconnaissance.
Le final dantesque, voit le lieutenant Lefty, armé de tronçonneuse et complètement sous l’emprise d’une mission divine, assouvir sa vengeance lors d’un combat aussi gore et drôle que spectaculaire. En roue libre, Dennis Hopper incarne ce personnage, peut être encore plus fou que la famille de cannibale réunie, avec une composition singulière faite de gestuelle saccadée et de regard halluciné. Son jeu est si borderline qu’on ne sait pas à certains moments si cela relève du génie ou du foutage de gueule.
Moins viscéral, expérimental et novateur que l’original, Massacre à la tronçonneuse 2 est un très bon film d’horreur méchant et jouissif, bénéficiant d’excellents effets spéciaux et superbement éclairé par un travail de chef op très inspiré, jouant sur des palettes de couleurs bleu, rouge, verts renvoyant parfois à l’univers gothique dans sa dernière bobine. Une réussite !!!
(USA-1986) de Tobe Hooper avec Dennis Hopper, Caroline Williams, Bill Johnson, Bill Moseley, Jim Siedow
Durée : 97 minutes. Versions : français, Anglais. Sous titres : français. Format 1.85 original respecté 16/9ème compatible 4/3. Edité par Mgm