Opération Goldman 2


Un agent secret américain, le lieutenant Harry Sennet, assisté de son supérieur, la charmante capitaine Patricia Flanagan, se fait passer pour un riche playboy afin d’infiltrer une organisation visant à saboter le projet lunaire de la NASA.

Attention : grand moment de bis survolté ! Notre cher Harry Sennet possède une particularité assez singulière dans le monde de l’espionnage. Il dégaine plus vite que son ombre, non pas son fameux pistolet,  mais son carnet de chèques, proposant à chaque fois à ses ennemis un compromis financier. Il n’y va pas de main morte puisqu’il offre la modique somme d’un million de dollars sur le compte des services secrets. Pas fou, le gars. A moins qu’il ne s’agisse d’une ruse ? Le scénariste Alfonso Balcazar, futur réalisateur de médiocres westerns et de pornos soft en fin de carrière,  a pimenté son script, fortement inspiré par Goldfinger et James Bond contre Dr no, de ces quelques idées saugrenues et limites surréalistes qui rendent le film indispensable à tous les amateurs de bizarrerie… A moins que ce ne soit la contribution du talentueux Ernesto Gastaldi, non crédité au générique mais apparemment présent à l’écriture. Pas étonnant que le film soit  sorti un temps en VHS sous le titre prosaïque de Cashman.

Le méchant est un célèbre brasseur de bière reconverti dans le modeste métier de prétendant de « maître de l’univers ahahaha… ».  Une voiture avec une grosse chope de bière apparaît maintes fois pour nous rappeler l’origine des vilains.

Moins routinier qu’il n’y parait, Opération Goldman, qui aurait pu s’appeler Opération Rethe (c’est le nom à la fois de la bière et du méchant), parvient à s’extirper du pâle succédané de James Bond grâce à ses audaces de script, ses maquettes délirantes dont une course poursuite avec des voitures miniatures et un sens inné du rythme.

Kitch et plaisant, ce divertissement prouve une nouvelle fois qu’Antonio Margheriti n’est pas un manchot (ou un aveugle). Véritable professionnel, il s’implique dans tous ses projets quel que soit le genre abordé. En dépit des carences de budget, il parvient à être constamment inventif, créant des décors délirants avec trois bouts de ficelles. Certes, il abuse de stock-shots de la Nasa mais son film est particulièrement soigné visuellement. La photographie de Riccardo Pallotini, fidèle collaborateur du cinéaste,  notamment pour Danse macabre et La vierge de Nuremberg, est splendide et parfaitement mise en valeur par le scope.

La dernière partie, spectaculaire à souhait,  plonge le spectateur dans un univers coloré  et surréaliste rapprochant parfois le film, par ses qualités plastiques, de la science fiction la plus démentielle. Pas étonnant puisque c’est un genre qu’affectionne particulièrement Antonio Margheriti qui signe son film sous son pseudo, Anthony M Dawson.

Les décors, les maquettes et les costumes farfelus créent  l’illusion de basculer d’un coup dans un univers parallèle frôlant le psychédélisme.   L’art du basculement vers une autre dimension est caractéristique de la méthode Margheriti qui aime mélanger les genres dans un même film. On se souvient des incursions gothiques et fantastiques dans ses meilleurs westerns comme Avec Django la mort est là ou Et le vent apporta la violence.

Niveau distribution, la charmante Wandisa Guida possède de magnifiques jambes filmées sous toutes ses coutures par la caméra coquine du cinéaste. A une exception près, il s’agira de sa dernière apparition à l’écran. Dommage. Fulli Coli compose un savoureux méchant d’opérette. Excellent dans The Naked Kiss de Samuel Fuller, Anthony Eisley paraît quant à lui bien fadasse en play boy falot de service. Même si son personnage est grotesque, il demeure étrangement inexpressif.

Opération Goldman est un pastiche bondien réussi et dynamique, du bis excitant et désuet.

 

Durée : 90 minutes. Versions : français, italien. Sous titres : français. Format 2.35 original respecté 16/9ème compatible 4/3. Couleur. Tous publics

 

Bonus : 

Rayons mortels à Cap Kennedy, par Alain Petit

Diaporama d’affiches et photos

Film-annonce

Edité par Artus Films

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A propos de Manu

Docteur ès cinéma bis, Manu est un cinévore. Il a tout vu. Sorte d'Alain Petit mais en plus jeune, son savoir encyclopédique parle aux connaisseurs de films méconnus. Il habite près de Montpellier où il peut observer la faune locale : le collectif School’s out, l’éditeur le chat qui fume et l’éditeur Artus Films. Avec son air d’Udo Kier, il n’est pas exclu qu’on le retrouve dans une production de genre.

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2 commentaires sur “Opération Goldman

  • jean pierre dionnet

    « une sorte de jean pierre Dionnet » en plus jeune »:
    j’aime bien.
    passage de relais:
    courre vite.
    JPD