La valeur du film précédent de Gareth Evans, le premier The Raid, tenait à son excessive simplicité et sa superbe efficacité. Le huis clos, la progression systématique du héros, le crescendo dans la qualité des adversaires étaient autant d’éléments séduisants dans ce nouveau mètre étalon du cinéma d’action.
Le second opus est une suite, chronologiquement immédiate, qui ne partage plus avec son prédécesseur et modèle qu’une poignée de fulgurances de mise en scène.
Il serait aisé de venir rappeler au cinéaste qu’en l’occurrence, il vient d’illustrer l’axiome selon lequel le mieux est l’ennemi du bien. Boursouflé et maladroit, tout autant que virtuose, The Raid 2 interroge pourtant sur la construction générale du film d’action.
En premier lieu, il est aisé de constater qu’Evans pêche par orgueil. A la violence décomplexée du premier film, il souhaite ajouter le gangstérisme façon Syndicat du crime et le polar nébuleux à la mode Infernal affairs.
Détail amusant, la séquence finale s’avère être un immense désaveu de toutes ces velléités narratives. Le commanditaire explique rapidement au personnage principal que, malgré l’infiltration, aucune condamnation ne sera possible. Il n’y a qu’une seule issue : tuer tout le monde.
En deux phrases, le second The Raid annihile toute ambition et revient à sa principale vertu.
Ces maladresses, raccourcis et autres approximations narratives amènent à se poser une autre question. Sommes-nous face à un objet pornographique ?
La pornographie se définit basiquement comme la représentation complaisante de sujets, de détails obscènes, dans une œuvre artistique.
Il y a, sans condamnation morale, une forme d’obscénité dans cette représentation de la violence.
Mais au-delà de la sémantique, force est de constater que Gareth Evans construit son œuvre comme un porno luxueux et exhaustif.
L’action se substitue au sexe. L’objet est un vaste exutoire à défaut d’être clairement masturbatoire.
La narration, la construction dramatique, accessoire et mal branlée (passez-moi l’expression) sont prétextes à enchaîner les morceaux bravoure qui prennent place dans un cadre toujours différent. Si dans le porno, on baise à la plage, dans un avion, sur un bateau, ici, on se bat dans la boue, dans une cuisine, dans une voiture. Le cadre est une plus-value.
Les acteurs méritent d’ailleurs passablement ce qualificatif. Ils peinent à jouer. Ils sont des performers, des bêtes bridées dans l’attente de la réalisation d’un acte physique.
Enfin, il est à noter que les coups sont là réellement portés, que la portion de trucage dans la lutte à mains nues est pour le moins minime. L’efficacité du film tient à son montage, à son travail sur le son, mais également au dépassement d’un cap dans l’expression réaliste et concrète de la violence.
Le corps à corps est réel, et provoque de ce fait une fascination supplémentaire chez le spectateur.
La conclusion du récit, qui est peut-être l’unique tentative d’humour du film, joue également de la métaphore sexuelle. Face à une nouvelle horde d’assaillant, le protagoniste ne meurt pas, il confesse son impuissance. Il ne peut plus assurer la performance.
Si le parallèle entre le film à caractère sexuel explicite et le cinéma d’action n’a pas été inventé par Gareth Evans ; puisque le déséquilibre entre l’action et le récit est un fait constaté dans nombre de films du genre, il semble que The Raid 2 pousse le mimétisme à un point tout à fait inédit.
En salles en ce moment.
L’analogie avec le porno est judicieuse. D’ailleurs avant chaque combat, on a un préliminaire, l’action et puis l’orgasme.
A la différence du p0rn, on a quand même un vrai talent dans la mise en scène de la baston. Visuellement ça arrache tout autant que la chorégraphie en elle-même. Certaines scènes me rappellent parfois l’épure d’un Only God Forgives.
J’ai été assez étonné du côté gore qui va parfois très loin dans le dégueulasse. Une maman accompagnant un couple d’ados a d’ailleurs quitté la salle à cause de ça je pense.
Ah ouais, ça m’a fait penser à ça par moments aussi :
https://www.youtube.com/watch?v=B99EBmeiYzk