Le FEFFS est un moment privilégié pour tout cinéphile strasbourgeois. On peut regretter l’étrange festival mais le FEFFS permet aux amateurs de fantastique (terme un peu galvaudé, je crois, pour certains titres) de voir des films dits de genre pendant une grosse semaine. Les films, des midnight movies, des crossovers, d’autres inclassables, sont incroyables pour la plupart et surtout l’ambiance est vraiment géniale. On sent une émulation durant ces quelques jours. On croise les mêmes têtes chaque soir, les organisateurs, super engagés, sont sur les rotules, boivent des cafés jusque tard dans la nuit. Un chouette moment où les gens ont pu voir entre autres …
7 boxes
Attention ça spoile !
Le Paraguay… Ca évoque quoi pour vous ? Je me rappelais du 8ème de finale de la coupe du monde 1998, la capitale Ascuncion, des gens qui ont tous des coupes de cheveux à la Beatles et qui portent des pantalons en velours selon les dires d’un ami lusophone.
7 boxes se situe dans ce pays, dans les marchés d’Ascuncion pour être plus précis. Il raconte l’histoire d’un jeune gringo qui travaille dans ces marchés et qui doit livrer à l’aide de sa grosse brouette 7 boîtes mystérieuses. A partir de là, tout va devenir compliqué pour le jeune héros…
Quelques aspects m’ont paru intéressants : le côté dépaysant avec la découverte d’un pays méconnu ou peu connu, une séquence d’introduction dont la réalisation (plan accéléré de présentation des marchés qui amène au héros) annonce la tornade d’actions dans le film, la violence sociale pesante et décrite tout au long du film, le clin d’oeil à Twin Peaks pour les pubs soaps passant à la TV, l’utilisation de la Steadicam qui m’a fait penser à certains plans de l’excellent Schizophrenia, un nouveau type de loubards avec des brouettes – et pas avec des motos ou des buggys comme dans Mad Max II.
Cependant ce film s’oublie vite, un peu comme Metro Manila, sorti il y a deux mois. Une impression de déjà vu dans le scénario où le personnage principal se retrouve coincé entre la police, les voyous qui lui ont demandé de transporter ces fameuses boîtes et d’autres livreurs à brouette. Tout cela sera bien sûr réglé en deux coups de cuillères à pot lors d’une scène finale où les personnages opposés au héros s’entretuent. Le sujet, un personnage principal pris dans un étau, était bien mieux traité dans d’autres films –Pusher, L’impasse, Meurtre d’un bookmaker chinois…. Comme dans Metro Manila, l’action pourrait se dérouler ailleurs et cela ne changerait strictement rien.
Proxy
Première claque du festival. Proxy est un bon film d’horreur – sans être gore. Les ricains font toujours partie des meilleurs réalisateurs du genre et Zack Parker en est un bon exemple.
La scène d’introduction est à couper le souffle. On suit une jeune femme qui sort d’un examen échographique très positif – son enfant se porte comme un charme. Cette jeune femme n’a pas l’air bien dans sa peau, la nouvelle ne l’enchante pas. La caméra la suit à la sortie de son rendez-vous, elle tourne au coin de la rue et … se fait agresser. Elle prend des coups de pied et de poings dans le ventre. La scène semble durer une plombe et provoque des sueurs dans le dos de tous les spectateurs – un peu comme la deuxième scène dans Irréversible ( Dupontel, un extincteur…).
La première partie du film s’intéresse à la vie de cette jeune femme au comportement et à la vie étrange au premier abord. Elle ne voit pas d’amis, elle n’a pas de travail, son seul animal de compagnie – un poisson rouge – est mort. Sa seule activité est de se rendre à un cercle de parole pour les personnes qui ont perdu leur enfant. Elle y fait la connaissance d’une jolie blonde et semble se lier d’amitié avec elle. Elle va la revoir dans un Wal-Mart et sera étonnée de son attitude, tout comme le spectateur. En effet, la jolie blonde hurle et crie dans le magasin à la recherche de son enfant qui semble avoir disparu alors qu’au plan suivant, la caméra la montre sortir l’enfant de sa voiture. Attitude très étrange qui va être le début de la seconde partie du film.
Cette rupture dans le scénario est astucieuse et déjà vue – Psychose, Prédator, Une nuit en enfer – mais elle s’ajoute à l’étrangeté de la vie de la jeune femme qui a organisé sa propre agression à l’aide de sa petite amie. Elle va tuer le fils de cette femme en s’introduisant dans le pavillon de banlieue de cette famille. Sa petite amie cherchera à se venger de ce crime.
Le scénario paraît complexe mais les nombreux rebondissements sont efficaces et bien amenés. Les personnages sont un des aspects très positifs du film. Ils sont difficiles à cerner et sont soutenus par une réalisation vraiment intéressante. Travellings, panoramiques, caméra au poing servent à la présentation et au point de vue des personnages dans les différents lieux.
Difficile avec tout ceci de ne pas penser à Psychose. Proxy est une sorte d’adaptation de ce film dans le monde actuel. De nombreux parallèles : la rupture dans le scénario, une femme blonde dérangée comme Bates, la maison inquiétante où se cachent des secrets effroyables. La fin évoque un des rêves de la femme blonde : passer à la TV pour parler de sa vie compliquée où elle a perdu son fils et son mari. Une critique légère des médias, de la télé – réalité ? Certes, mais c’est surtout un moyen pour le réalisateur de montrer l’obsession de ce personnage en manque d’amour, de reconnaissance – c’est une femme au foyer – et de montrer comme l’avait fait Carpenter dans Halloween que l’horreur se situe dans le quotidien des banlieues où vivent les classes moyennes.
Un bémol par rapport à ce film. Il y a une scène de meurtre dans le film, plutôt gore, – environ 400 litres de faux sang – et la réalisation de cette scène (ralentis, musique) ressemble à la scène d’introduction de Melancholia – au secours ! – ou à de nombreux passages de l’affreux Antichrist où le pompon était l’hommage final à Tarkovski.
C,est bon les gars il faut evolué