Le film de William Friedkin sort ce 6 février 2013 en dvd et blu-ray chez Pyramide Vidéo. Si vous l’avez loupé en salles, c’est le moment de vous rattraper car ce pourrait bien être le meilleur film sorti en 2012. On vous a déjà tout le bien qu’on en pensait ici. C’est à la fois surprenant – mais finalement logique – de constater que le film le plus subversif soit réalisé par un pépé de 77 ans. A la façon d’un Eastwood sous Viagra, Friedkin tape sur les doigts de la jeune génération et revient aux bases du cinéma : la dramaturgie. L’homme a un talent incontestable pour raconter des histoires tout simplement, pour créer des personnages forts, et nous offrir son regard désabusé sur le monde. Et tout ça, sans zombies.
Bref, le film va sortir dans une édition spéciale Fnac (c’est pas juste pour les autres, mais c’est comme ça) qui contiendra un dvd supplémentaire avec la master class qu’a donnée Friedkin lors du festival du film américain à Deauville. Passons rapidement sur le grief de ce bonus : la traduction est faite en direct juste après que le réalisateur a parlé, par une traductrice présente sur scène. D’un point de vue qualité, il n’y a rien à redire mais le temps de traduire double presque le longueur du programme. Dès le début, Friedkin entre dans le vif du sujet en suppliant les étudiants en cinéma d’arrêter leurs études. Citizen Kane fut une révélation pour lui mais c’est le travail de Hitchcock qu’il a étudié… Simplement en regardant les films. Il invite aussi le public à puiser l’inspiration dans le cinéma français des années 60 !
Jean-François Rauger anime la master class et retrace le parcours du réalisateur depuis ses débuts à la télévision jusqu’à ses premiers films et notamment son grand succès : French Connection. Durant toute l’intervention, William Friedkin est très loquace. On devine son talent de conteur, même lorsqu’il évoque des anecdotes. Il s’accroche à des détails précis, des événements extraordinaires, qui donnent souvent à ses récits un humour noir et grinçant. Il explique en détails sa façon de tourner French Connection (dans le métro en une seule prise, beaucoup de préparation et pas d’autorisation). Il revient sur la polémique et les débats qu’on suscité la sortie de L’exorciste. Sans langue de bois, l’homme est cultivé, a un caractère bien trempé et répond aux questions avec une sincérité qui fait plaisir. Le cours magistral se termine sur quelques questions de spectateurs dont les réponses de Friedkin nous donne des clés sur sa relation à l’art en général et au cinéma en particulier.
Sur l’édition standard du film, on trouvera un bonus intitulé Portrait d’une amérique peu aimable qui est en fait un entretien d’une trentaine de minutes avec William Friedkin. Il y explique sa relation avec Tracy Letts, l’auteur du scénario de Killer Joe, qui a été adapté de sa propre pièce de théâtre. Les deux hommes partagent un goût certain pour les personnages un peu stupides qui n’ont aucune morale, qui n’ont que faire des conséquences de leurs actes. Contrairement à Tarantino qui ne veut pas en parler, Friedkin dit des choses sensées sur la relation entre la violence au cinéma et la violence réelle. Bon, visiblement l’entretien a été réalisé avant la tuerie d’Aurora car Bill explique que la salle de cinéma est un lieu où l’on peut manger son popcorn en tout sécurité. Friedkin reprend (de la master class) son laïus sur la commission de classification des Etats-Unis, une commission dirigée de manière anonyme par les grands studios eux-mêmes, un système absurde et partial pour tous les petits films. Il avoue que pour emmerder la commission il avait rajouté volontairement à Cruising, 40 minutes de scènes gay pornographiques qui n’ont pas été acceptées, évidemment.
Friedkin fait le tour de son casting et évoque les rencontres toujours très intenses, avec chaque acteur. Peu importe ce qu’il raconte, il est toujours passionnant à écouter. Longue vie à Bill !
Quel(s) film(s) des années 1960 ?