Changement de décor pour le troisième opus de Rec. Exit l’immeuble infesté de démons des deux premiers épisodes qui jouaient la carte du documenteur.
Dès les premières images, le spectateur ne peut être qu’étonné par le changement radical de ton. On assiste un peu perturbé à un mariage en grande pompe. L’ambiance est décontractée à un tel point que l’on se demande si on ne s’est pas gouré de salle. Le procédé du found footage qui commence sérieusement à s’épuiser et à montrer ses limites est toujours de rigueur. La première question que l’on se pose est : mais comment vont-ils tenir et justifier un tel filmage durant une heure vingt. Car si, dans Rec, le dispositif demeurait d’une cohérence bluffante tant au niveau de la conduite du récit que de la mise en scène, le scepticisme l’emporte sur cette suite qui, avouons-le, n’en est pas tout à fait une. Paco Plaza, seul aux commandes cette fois-ci, nous donne la réponse au bout de 15 minutes. Le générique apparait brutalement. Et la suite prend un virage à 180 degrés. Les auteurs abandonnent le found footage et optent pour une réalisation 35 mm classique qui risque de décevoir les fans de la première heure.
La mise en place est simple. Pendant le mariage, les invités vont se transformer en démons ou en zombies assoiffés de sang suite à un prétexte scénaristique un peu léger : un des oncles a été mordu par un chien et ne se sent pas bien. Ce personnage va être le déclencheur d’une orgie grand guignol pleine de fureur et de tripailles.
La réussite du premier Rec incita les réalisateurs à engendrer une suite directe handicapée par un sérieux problème d’écriture. Le film ne parvenait pas à imposer un climax terrifiant et anxiogène, qualité première de l’original. Comment se renouveler ? Paco Plaza apporte une réponse qui ne satisfera pas tout le monde. Il a orienté son film vers le pur bis potache, sanglant et décomplexé, jouant constamment sur un second degré parfois bienvenu. Rec 3 est un pur film de zombies, gore et rythmé, qui ne s’embarrasse d’aucune cohérence narrative. Dans la lignée d’un Zombiland ou d’un Shaun of the dead, le film cède souvent aux facilités à la mode mais reste un spectacle réjouissant qui ravira les amateurs du genre.
Dans un premier temps, notamment lors du prologue pénible, Paco Plaza s’essaie à la mise en abîme, à la réflexion sur le cinéma de genre mais s’avère, à contrario d’un Wes Craven, un piètre théoricien. Il ne suffit pas de parler de cinéma vérité ou de citer Jean Renoir pour renouveler une franchise qui commence sérieusement à s’essouffler. En revanche, quand il se lâche dans une deuxième partie assez démente, Rec 3 parvient à se hisser au niveau des meilleurs films de genre. Des personnages iconoclastes traversent l’écran tel un Jon l’éponge venu divertir les enfants. Certaines séquences sont hautement délirantes comme l’échange verbal entre la mariée et une amie d’enfance. La très jolie mariée ne comprend pas qu’elle soit venue car elle l’a invité juste par politesse et s’excuse de l’avoir mise dans une telle situation. Enfin, la transformation de la mariée en véritables tueuse de zombie est un grand moment de cinéma déjanté. Armée d’une tronçonneuse, dans une tenue enfin sexy (elle arrache sa robe), elle déclare grosso modo « Faut pas me faire chier le jour de mon mariage » et part à l’assaut des contaminés avec une rage communicative.
Mélange absurde de comédie romantique et d’horreur trash, malgré ses faiblesses et surtout son manque d’ambition, Rec 3 parvient à remplir son contrat de divertissement pour adultes aussi inutile que jouissif. Le très beau final apporte une petite touche poétique et surréaliste qui n’est pas sans rappeler un film comme Dellamorte dellamorre. On en verserait presqu’une larme. Bref, une série Z qui n’a plus rien à voir avec le sérieux des deux premiers épisodes mais qui apporte un peu de sang neuf à un genre moribond et peu présent dans les salles obscurs. Jaume Balaguerro prépare un Rec 4 Apocalypse qui s’annonce nettement plus sérieux. Bientôt sur vos écrans.
(esp-2012) de PACO Plaza avec Leticia Dolera, Diego Martín, Ismael Martínez