Ancien SAS (forces spéciales britanniques), Bear Grylls est le digne héritiers des réalisateurs de mondo movies des années 70. Sous couvert de recherche documentaire ethnique, ces films faisaient la part belle aux images sensationelles. L’étalon en la matière est sans conteste Cannibal Holocaust, avec son lot de vraies exécutions d’animaux et sa brochette de faux cannibales.
Bear Grylls se met volontairement dans des situations difficiles. Avec un minimum d’équipements (une gourde, un couteau, un sac à dos, quelques ficelles), il se fait larguer, depuis un hélicoptère ou un avion, dans des milieux franchement hostiles. Certaines scènes sont provoquées, histoire de faire la démonstration de certaines techniques. En avant-programme, on nous annonce aussi que Bear et son équipe sont secourus en cas de danger mortel. Le but n’est donc pas de nous berner sur la nature du projet. Grylls fait cela pour atteindre ses limites, parfois les dépasser, et aussi un peu pour jouer au pitre.
Man versus Wild aka Seul face à la nature, se démarque de ses équivalents de téléréalité comme Fear Factor ou Koh Lanta car Grylls est volontaire (enthousiaste, même) pour vivre des situations extrêmes. Il n’y a pas d’humiliation ou de compétition dans la dégradation humaine. Il n’est pas question de voyeurisme, même si l’ancien soldat gobe des animaux crus franchement dégueulasses (grosses larves, serpents, insectes). S’il fait la grimace, on voit bien qu’il prend son pied à relever les défis que lui impose la nature. C’est donc un sentiment assez positif qui se dégage de ces aventures plus ou moins forcées avec parfois des petites touches d’humour british (« ça a un goût de crevette remplie de sable qui aurait passé 1 mois dans du fromage »). Man Vs Wild emprunte aussi à MacGyver et au jeu-vidéo. Souvent, le héros s’en sort avec des objets collectés sur place : des bois de cerf, des vieux bidons, un filet de pêche. Avec très peu, il fabrique des outils très utiles (un arc, un radeau !). Le point d’orgue de la première saison est peut-être la scène du chameau dans le Sahara. Les berbères tuent les animaux trop vieux pour ne pas qu’ils soufrent. Bear Grylls se sert du cadavre de l’animal pour toutes sortes de choses. Il le vide de ses viscères, boit la bosse à eau, essore le contenu de l’estomac afin de le boire et finit par se fabriquer une tente avec la carcasse de l’animal. La scène est visible ici.
Tout comme les mondo, l’émission mélange un aspect documentaire avec un aspect plus trash. On ne perd jamais de vue que tout ce qui est montré peut être utilisé en cas de situation de survie. Même si la donne est truquée tout est fait pour reconstituer les conditions. Au final, l’immersion fonctionne et il est toujours émouvant de voir le gars réussir à faire un feu avec deux bouts de bois. Les shows sont construits comme un guide de survie et Bear Grylls montre en live l’exécution de certaines techniques, d’escalade, de l’armée. Après les sept premiers épisodes de la première saison, on commence à voir le schéma de chaque émission. Il y a des techniques, il y a des moments où il faut surmonter ses peurs, mais au final ce qui compte surtout, c’est le savoir. Quel fruit est comestible, quelle est la géographie de la région ? Dans cette hypothèse, s’il faut effectivement survivre coûte que coûte, il faudra auparavant connaître tout de la flore, de la faune et de la culture locale. Pas facile !
Côté trash, Bear Grylls montre qu’il est capable d’ingurgiter à peu près n’importe quel animal, cru et vivant, cela va de soi. Tout apport en protéine et en sel est bon à prendre (son leitmotiv : c’est mieux que rien). En gros plan, on le voit donc manger des scarabées, des lézards ou des grenouilles. Pour ceux que ça fait marrer, voilà la compilation. En cela, il concurrence bien Cannibal Holocaust et son découpage de tortue. Sa situation de “fausse survie” lui permettrait en effet de ne pas nécessairement manger ces bestioles. Bear est même confronter aux mêmes animaux que dans le film de Deodato : un petit cochon sauvage qu’il débitera pour son dîner (en mentionnant qu’il aurait pu prendre ses tendons pour fabriquer des cordes), et une tortue trouvée dans les marécages. Suite à une maladresse, celle-ci va malgré tout survivre et ne va pas se retrouver démembrée comme dans le mondo. Mince.
La première saison est disponible en coffret 3 dvd chez Studio Canal. Elle reprend différents épisodes des saisons diffusées à la télé. Ainsi, Bear Grylls visite le Sahara, le Texas, l’Alabama, l’Alaska, le cercle arctique, la jungle guatémaltèque et le vietnam. Le programme est uniquement disponible avec une VF qui recouvre la VO.
La mention qui indique qu’en fait Bear Grylls n’est pas « tout seul » (contrairement à ce qu’indique le titre en français et certains commentaires de Bear) n’a été rajoutée qu’après un certains nombres d’épisodes. C’est ce que j’avais constaté en tombant dessus à la télé et ça semble confirmé par l’article de wikipédia. On peut en déduire certaines intentions plus sensationnalistes au départ…
En fait on peut remarquer certaines ellipses plus ou moins discrètes dans certains épisodes qui laissent penser que Bear, ou son caméraman (voire d’autres personnes hors-champ) se trimballent plus de matos. Je repense à un épisode dans les Everglades où tout est trempé et Bear ne parvient pas à faire un feu, y’a un petit raccord et hop ! de flammes sont là (sans passé par la case « petites braises » qu’on voit très bien dans les autres épisodes.
Ensuite en tant qu’amateur de cinéma, on pourra noter dans la totalité des épisode l’héroïsme dont fait preuve le caméraman qui doit faire exactement toutes les mêmes épreuves que Bear… mais avec une caméra à la main (et donc au minimum une main en moins, une attention constante pour le cadrage plus une pour les animaux dangereux, des batteries de rechange dans le sac à dos.) Et lorsqu’il s’agit d’escalader une falaise, de descendre en rappel, ou de grimpé à l’arrache entre deux parois, je dit bravo le caméraman, c’est lui le vrai héros et il faut beaucoup moins de chichi que cette lopette de Bear lorsqu’il s’agit de plonger dans une rivière de Sibérie par -50°.
Lu là: http://next.liberation.fr/sexe/2012/05/25/un-japonais-asexuel-fait-deguster-son-penis-et-ses-testicules_821408
« Jasha Lottin, modèle, et son ami John Frost. Fan de Star Wars, ils ont décidé en septembre d’acheter un vieux cheval mourant et de l’éviscérer. Puis, dans un grand sourire, ils ont posé nus à l’intérieur de la bête, jouant avec ses entrailles. Un peu comme Luke Skywalker devant tuer sa monture pour survivre dans le froid dans L’empire contre-attaque »