Après nous avoir offert son Agence tous risques, Joe Carnahan revient avec un survival au titre français qui pourrait faire penser à un nanar de Chuck Norris, mais en parlant du Territoire des loups (titre original : The Grey) il serait bien plus honnête de le placer du côté de l’ultime survival qu’est le Predator de John McTiernan. Carnahan fout une biffle à nos attentes et se renouvelle de façon remarquable en revenant à l’essence même du cinéma de genre : prétexter une menace extérieur pour mieux parler de l’Homme.
Pour résumer, Le Territoire des loups présente le personnage de John Ottway (joué par le génial Liam Neeson) qui bosse pour une compagnie pétrolière en protégeant les employés contre d’éventuelles attaques d’animaux sauvages. Il prend un avion avec ses collègues qui finit par s’écraser dans le trou du cul du Grand Nord. Peu de survivants, rien à l’horizon à part de la neige, il fait très froid, en bref, il y a peu d’espoir. En plus, les loups les ont repérés. Ottway pense que le meilleur moyen de survivre est de se diriger vers la forêt, mais ses compagnons sont sceptiques, ce qui ajoute une certaine tension entre eux. Mais les loups leur font bien comprendre qu’ils ne sont pas les bienvenus, donc les survivants décident de suivre Ottway…
Tourné dans des conditions éprouvantes, Joe Carnahan s’était dit qu’il serait impossible et absurde de réaliser ce film en studio, il a donc choisit de le tourner dans des décors naturels au fin fond de l’Alaska sous une température constamment en dessous de zéro. Expérience difficile pour toute l’équipe et surtout les acteurs (ça ne doit pas être évident de se concentrer et sortir sa réplique dans une tempête de neige), on n’aura pas vu un parti pris aussi risqué et un résultat aussi salutaire depuis The Thing de Carpenter.
The Breakfast Club, 25 ans après.
Concernant les personnages, on pourra un peu pinailler au début en raison de ce qui semblent être quelques stéréotypes (le comique de service, le connard de service…), mais au fur et à mesure, le film de Carnahan prend une tournure surprenante et parvient à une dimension que l’on pourrait qualifier d’humaniste. Merde aux protecteurs des animaux (le temps du film) qui voient ici une diabolisation des loups (comme pour les requins dans Les Dents de la mer), ces créatures sont un prétexte pour parler des croyances fondamentales de l’homme, la mélancolie, les regrets, les erreurs humaines, l’impuissance ou encore la vie et la mort. Le Territoire des loups possède une puissante dimension universelle et humaniste dont chaque personnage secondaire ne représente autre chose qu’une part intérieur du personnage principal.
En bref, en regardant Le Territoire des loups, il ne faut pas s’attendre à un film d’action pur et simple. Le film montre peu (non pas par défaut, mais, encore une fois, parce que le sujet est tout autre), mais la réalisation, le découpage et le montage semblent tellement maîtrisés et la musique (d’un calme inquiétant) si intelligemment utilisée que les émotions (notamment la peur) n’en demeurent pas moins fortes, bien au contraire.
Le réalisateur du déjà excellent Mise à prix livre ici une expérience cinématographique brillante, propose un final d’un courage jouissif et signe ici son meilleur film jusqu’à présent. Aller voir Le Territoire des loups n’est pas une option, c’est un putain de devoir de cinéphile.
Liam Neeson à la recherche de son Oscar.
En salles le 29 février.
Très bonne critique! Le film est ma première claque de l’année!!
J’ai fait comme t’as dit, je suis allé le voir, mais je suis moins enthousiaste que toi. Plusieurs choses m’ont gâché le plaisir :
– les effets spéciaux de qualité variable. Parfois les loups sont très statiques (en gros plan), parfois ils sont très dynamiques. Ils sont de toute les couleur. Ils sont trop nombreux (en une seule attaque, ils pourraient bouffer nos bonhommes)
– le côté « je-sais-tout-sur-le-loup » du perso de Liam Neeson. Il parvient à décoder ce qui se passer dans la meute, rien qu’en écoutant les hurlements.
– le côté larmoyant du final
– le passage avec les cheveux de la fille (j’ai pas pu m’empêcher de penser à un balai)
– le gars qui gèle (mais parce que j’avais vu Force Spéciales qui a un passage similaire mais beaucoup plus lolant)
– les habituels clichés du film d’aventure (aïe mon genou)
– un gros problème de perspective dans la scène avec les sapins et la corde
– des jump scare beaucoup trop faciles, dignes d’une série Z d’horreur
– les flashbacks avec sa femme sont touchants mais pompés sur La ligne rouge de Malick avec la même zik (les petits coups de violons discrets)
Bon, merde, ça fait beaucoup.
Néanmoins j’ai trouvé le film assez honnête et assez frais. Du cinéma old school plutôt bien tourné.
J’ai jamais été très fan de Liam Neeson, et je trouvais l’affiche ciné vraiment nulle. Je n’étais donc pas assez motivé pour aller voir ce film. Si le nom du réal avait été plus mis en avant j’aurais sans doute fait le déplacement. Le mec a quand même pondu NARC, un polar vachement bien même si un peu court. Je découvrirai ce territoire des loups sur mon modeste 66 cm, même si j’ai un peu peur de certains sfx.
Vu cette semaine et c’est une catastrophe, des loups à la Twilight, des personnages grotesques, Liam Neeson plus mauvais acteur que la neige, un récit truffé d’incohérences… pour moi à éviter !
Je reste mitigé sur le montage de la scène finale. J’aurais vu quelque chose de beaucoup plus violent. J’ai presque compris le choix de faire une scène poético-symbolique, mais je trouve que cette fin cohabite mal avec la scène où le héros sollicite l’intervention de Dieu (LA scène du film pour moi). Voilà, j’ai du mal à comprendre pourquoi on oscille entre le réalisme et le fantasme. Les loups sont parfois réalistes, parfois artificiels… Soit la production n’a pas su faire un choix, soit ils se sont dit que ça ferait bien d’utiliser toutes les solutions (sfx de synthèse, animatroniques, vrais loups ou chiens…). Y’a des moments où la cohérence peut aider à livrer une oeuvre crédible. ça reste un bon souvenir, surtout pour l’écriture, mais j’ai pas très envie de le revoir à cause de ces déséquilibres que j’ai ressentis dans le traitement.