J’avais entendu beaucoup de mal sur cette nouvelle initiative française de faire du « genre ». Le film n’est pas une catastrophe dans le sens où le réalisateur nancéien Franck Richard semblait lucide sur les petits moyens qui lui ont été offerts. La première chose qui frappe, c’est un style d’image qui fait très « vidéo » ou « téléfilm ». Cependant, ce non-choix se révèle finalement cohérent avec l’intrigue et les décors, tous deux poisseux et glauques.
Charlotte, une émo-goth au volant de son break de fortune, en partance pour on ne sait où, prend un autostoppeur en plein milieu de la cambrousse. Charlotte et Max s’arrêtent à une espèce de ferme auberge décorée façon western. Max va aux toilettes et ne réapparaît plus. Charlotte décide d’enquêter mais elle tombe sur la Spack, la tenancière du restauroute qui va essayer de la jeter en pâture à de mystérieuses créatures…
L’atmosphère bien crasseuse tient surtout aux lieux, une vieille ferme décorée avec beaucoup de mauvais goût, éclairée de façon à ce que tout soit gris et recelant des chambres secrètes. La force du film réside dans le duo d’acteurs jouant les méchants : Benjamin Biolay et Yolande Moreau. Cette dernière reprend son rôle de vieille mégère des Deschiens mais elle ajoute également un côté psychopathe flippant, qui rappelle les grand-mères d’antan, celles qui n’hésitaient pas à saigner un porc ou dépecer un lapin en famille. Biolay quant à lui a la trogne qu’il faut : le sourcil bas, l’oeil vide et des cheveux longs et crasseux font de lui un garçon inquiétant. Le spectacle est donc assuré par cette famille décadente qui rappelle un peu celle de Massacre à la tronçonneuse, toutes proportions gardées.
Le scénario ne va pas chercher bien loin. Charlotte doit tenter de fausser compagnie à ses tortionnaires. Elle pourra peut-être compter sur Chinaski, un brave bonhomme interprété par Philippe Nahon, à contre-emploi et malheureusement un peu transparent. L’idée de lier les monstres à la fermeture des mines de charbon était plutôt originale mais elle restera à l’état de prétexte. Dommage.
La meute est une série B et n’a pas l’ambition d’aller au-delà, ce qui sauve le film du naufrage. Si l’on sent que les idées sont là, leur exploitation est laborieuse, le rythme est un peu mou du genou (les créatures semblent se déplacer sous valium). Les amateurs de tripes en seront pour leur frais, le gore étant relativement limité. On se régalera tout de même de voir Yolande Moreau découper nonchalamment des membres à la scie électrique et les balancer dans une vieille baignoire d’acide.
Disponible en dvd chez Pathé. Photos : © 2010 La Fabrique 2 – Be film
ça donne envie de se la faire cette petite meute 🙂