Hors Compétition (suite)
Hybrid d’Eric Valette
Si Prowl laissait à penser que Syversen s’était perdu à Hollywood, cet Hybrid est la preuve que Valette à bien fait d’en revenir. Le film à dormi pendant deux ans dans les cartons, et à sa vision, on comprend pourquoi. Passé un beau plan d’introduction (et une image HD cam absolument nickel), on arrive face à un scénario tantôt complétement balisé, tantôt carrément imbécile.
Reprenant le thème de la voiture tueuse ( Ne vous enflammez pas: Malgré le titre, il ne s’agit pas d’une Toyota Prius devenue schizophrène à force de passer du thermique à l’électrique…) et l’intégrant à un schéma de huis-clos monstrueux façon Alien (Si vous vouliez voir un raid meurtrier avec une voiture qui renverse les piétons par paquet de douze, c’est raté), le film joue le décalque du film de Ridley Scott jusqu’à prendre pour personnage principal une héroïne, qui, évidemment effacée au début, va s’affirmer au fur et à mesure du combat.
Le problème, c’est qu’elle est la seule à évoluer, et que les autres personnages, mal écrits, sans finesse, et souffrant de surcroit de dialogues parfois aux frontières du ridicule, restent enfermés dans leurs archétypes, et campent sur leurs points de vue, sur la position qui leur a été donnée à chacun dès le début. Résultat, ils meurent l’un après l’autre sous les assauts de la bagnole sans que ça nous touche plus que ça, même si certaines morts sont suffisamment amusantes pour réveiller l’intérêt du spectateur…
Pour ne riens arranger, l’explication quant à la vraie nature de notre « boogeycar » prète plus à rire qu’autre chose, et les SFX qui nous laissent à voir cette vraie nature sont à peine digne d’une production The Asylum. Et dire qu’ils ont converti ça en 3D…
Conclusion: A moins d’avoir un sens de l’humour particulièrement développé, rematez plutôt Christine ou Enfer Mécanique…
American Grindhouse de Elijah Drenner
Un bien sympathique documentaire revenant point par point sur tous les aspects, toutes les tendances, toute l’histoire du film d’exploitation américain, de l’époque du muet jusqu’à sa réappropriation par Tarantino et consorts. Si on a déjà eu une floppé de documentaire de ce type sur le sujet, ça reste intéressant, fouillé, très rythmé, drôle (les intervenants, un John Landis hilarant en tête, autant que les extraits de films participent à la bonne humeur de l’ensemble), mais ça pèche au final par excès de bonne volontée, par envie de bien faire, d’être, sinon exhaustif, du moins quasi-complet.
Le nombre de films ainsi présenté est purement impressionnant, anecdotes de production à l’appui, mais on entre jamais plus en avant dedans, d’autant que les extraits et commentaires semblent, encore une fois, avant tout choisis pour leur potentiel « fun », Drenner faisant un film ouvertement léger, gardant quasiment toujours une distanciation, un second degré vis-à-vis de son sujet, quitte à faire rire aux dépends des films qu’il présente.
Ce n’est pas dramatique en soi, bien au contraire, mais une analyse plus profonde des films, des genres, de ce qu’ils traduisent, aurait été bien.
Machete Maidens Unleashed de Mark Hartley
Après un Not Quite Hollywood qui s’intéressait au cinéma australien, Mark Hartley se penche sur le cas du cinéma d’exploitation made in Philippines. Et plus particulièrement sur la façon dont des producteurs américains, Roger Corman en tête, ont utilisés le savoir-faire bon marché des cinéastes phillipin dès les années 60 afin de fournir les drive-in US en films d’une qualité… discutable.
De fait, Machete Maidens Unleashed apparait comme une sorte de complément à American Grindhouse, d’autant que des gens comme Joe Dante ou John Landis apparaissent dans les deux films. D’autant aussi que, là encore, le ton se veut délibéremment léger, fun, est volontairement nostalgique et moqueur envers ce cinéma bricolé, libertaire, fou.
On pourra au passage regretter que le film s’intéresse pour trop à la filière Corman, et oublie durant une bonne partie du métrage le reste de la production ciné phillipine, tant celle destiné au autochtones que les autres fillières internationales existantes, notamment avec Hong-Kong. Et il suffit de jeter un oeil au site Nanarland.com pour se rendre compte qu’il y a moyen de faire…
Compétition Court-métrages
Bloody Christmas 2 de Michel Leray
Suite « bigger and louder » d’un très sympathique permier opus (qui avait pour vedette Kad Merad), cette histoire de sapins de noël vengeurs pâtit principalement d’arriver après un autre court-métrage sur le même thème, particulièrement réussi, et qui a suffisamment fait parler de lui pour que la comparaison s’impose: Treevenge, de Jason Eisener (par ailleurs futur réalisateur de Hobo with a Shotgun). Le problème est que ce Bloody Christmas 2, malgré de bond moments et quelques gags réussis, ne tient pas la comparaison, d’autant que, pris entre ses envies de spectaculaire et son humour potache qui nécessite de la simplicité, le film semble bancal. A trop vouloir en faire…
Cabine of the Dead de Vincent Templement
Déjà vu au FEFFS pour ma part, cette variation autour de l’invasion de zombies (un homme s’enferme dans une cabine téléphonique cerné par les morts-vivants et appelle au secours toutes les personnes qu’il connait) est foncièrement drôle, tant les réactions et discussions « normales » de la galerie de personnage apparaissent en complet décalage avec la menace exceptionnelle que représentent les zombies. C’est rythmé, bien filmé, amusant. Sympa.
Le Miroir de Sébastien Rossignol
Déjà, c’est très beau. On sent une vraie recherche, un vrai travail sur les décors, costumes, accessoires, sur la mise en images de tout ça, et sans doute, aussi, un budget confortable. Malheureusement, ça ne fait pas tout, cette introspection d’une star défigurée ayant un méchant goût de déjà-vu, manquant d’originalité. Reste cette esthétique, cette ambiance étherrée bien retranscrite, qui a du plaire au jury aux vues du grand prix…
Le Vivier de Silvia Guillet
Une femme s’enferme chez elle, seul avec son mari cloué au lit, et visiblement malade. Ca commence comme un drame domestique aux apparences froides pour virer à la fable absurde et surréaliste. C’est intriguant, plein d’une sorte de poésie tordue, et quelque part d’une morale sur l’amour fou. Etrange, mais intéressant et beau. Subjectivement parlant, mon préféré de la sélection.
Mandragore de Fabrice Blin
Un homme se reveille nu, en pleine forêt, et trouve refuge dans une maison isolée où vivent une mère et son fils. un lien se tisse entre eux, mais la menace gronde… sympathique film aux influences divers heureusement bien digérés et offrant une tournure intéressante à l’histoire. Pas de gros défaut notable, c’est carré, réussi, et les effets spéciaux traditionnels qui apparaissent à la fin sont simples et efficaces, et jouent pleinement en faveur du cachet volontairement classique (dans le bon sens du terme) du film.
No Face de Mathilde & Jean-Yves Arnaud
le problème de ce No Face est le même que pour Bloody Christmas 2: celui d’arriver après un autre film qui a fait mieux sur un thème similaire. Ici, l’autre film s’appellait l’Homme Sans Tête, de Juan Solanas, César 2004 quand même. No Face souffre de la comparaison du fait d’un univers moins marqué (le manque du budget est assez flagrant une fois de plus), d’une esthétique qui en ressort bancal: Le monde extérieur est commun, réaliste, et le personnage, ses accessoires, son univers, en sont d’autant plus anachroniques. Ce n’est pas rédibitoire, mais génant, d’autant que l’idée reste belle, bien traitée, et que la poésie du film fonctionne bien.
Red Balloon de Damien Macé & Alexis Wajsbrot
Une baby-sitter fait face à des évenements étranges dans la maison où elle officie. Un petit film d’angoisse guère original, empruntant visuellement par-ci par-là (des déplacements dans la maison façon Panic Room, une intrigue de slasher, du jump-scare facile et un twist tout juste passable), mais ça manque de personnalité, d’originalité, la maitrise technique ne faisant pas tout.
à suivre: un peu d’inédits vidéo, un peu de rétrospective…