A bout portant, de Fred Cavayé


S’il est un film à voir en ce moment dans les salles, ce n’est peut-être pas Machete, mais A bout pourtant de Fred Cavayé. Ce réalisateur français de France nous avait déjà offert Pour Elle, un thriller bien troussé, tendu du slip, qui allait crescendo vers une course-poursuite finale haletante.

Cavayé fait mieux avec ce nouveau film en reprenant certains éléments. Un aide-soignant et sa femme enceinte sont projetés dans une machination liant un riche homme d’affaires, un flic corrompu et un braqueur de coffre. L’intrigue, même si elle est loin d’être simpliste, a un goût de déjà-vu. Mais peu importe. Ce qui intéresse le réalisateur, c’est le personnage de Samuel, auquel on peut s’identifier immédiatement du fait de sa banalité. En quelques scènes, on ressent de l’empathie pour ce type sympa qui a la bouille joviale de Gilles Lelouche. Ensuite, il s’agit de gratter le vernis social du personnage, de l’emmener dans des situations extrêmes où le choix se résume à la mort ou à la survie de sa femme enceinte et kidnappée. Qu’est-il prêt à faire pour la sauver, jusqu’où ira-t-il ? Là est la question. On doit donc réfléchir avec le personnage, à toute vitesse, pour prendre la meilleure décision alors même qu’il est entouré de types les uns plus louches que les autres.

Presque à chaque scène, on a droit à une poursuite façon Jason Bourne (mais sans les tics), et jamais gratuite car les motivations de chaque personnage restent claires jusqu’au bout. Le réalisateur donne juste assez d’informations au spectateur pour suivre l’histoire et il se concentre avant tout sur le suspense. Les enjeux sont très importants pour tous les protagonistes et par conséquent, ils sont tous tendus tout le temps; le timing est serré, et le rythme du film ne faiblit jamais.

Si bien que l’on ressort complètement vanné, le palpitant au taquet. Il y a du Spielberg chez Cavayé. Si, si. Le Spielberg de Duel. Et il y a aussi des morceaux de Michael Mann, celui de Collateral, qui partage les mêmes thématiques : l’homme banal, forcé de commettre des actes dignes du grand banditisme, tout en essayant de tirer son épingle du jeu. Le scénario d’A bout portant excelle dans l’enchainement des faits, une action provoquant une réaction et ainsi de suite, tout cela de manière très naturelle. Fred Cavayé ne se prend pas la tête, ne cherche pas à imiter d’autres réalisateurs, ni à exposer une éventuelle cinéphilie. Il déroule une bonne histoire, avec une étonnante simplicité. Ce qui donne un cinéma frais, de divertissement, premier degré. On le tient notre réalisateur d’action à la française.

Une fois le stress évacué, on retiendra avant tout la prestation de Gérard Lanvin, absolument terrifiant dans son rôle de flic pourri, car il n’en fait jamais trop. Avec sa barbe de douze jours et ses valises sous les yeux, il sonne juste comme tout le reste dans le film.


A propos de Jérôme

toute-puissance mégalomaniaque, oeil de Sauron, assoiffé de pouvoir et d’argent, Jérôme est le father de big brother, unique et multiple à la fois, indivisible et multitude, doué d’ubiquité. Il contrôle Cinétrange, en manipulant l’âme des rédacteurs comme des marionnettes de chiffons. Passionné de guerre, il collectionne les fusils mitrailleurs. Le famas français occupe une place d’exception dans son coeur. C’est aussi un père aimant et un scientifique spécialisé dans les nouvelles technologies de l’information. Pour faire tout cela, il a huit doppel gangers, dont deux maléfiques. Il habite au centre du monde, c’est-à-dire près de Colmar.

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