Climax, de Frédéric Grousset


Un couple, aux rapports plus que tendus, part en week-end dans une maison isolée au cœur de la forêt. Arrivés sur les lieux, ils ne trouvent personne pour les accueillir. Ils ignorent qu’un meurtre vient d’être commis et que l’assassin est de retour.

Après un premier film inégal mais intéressant, Aquarium (l’éditeur a par ailleurs eu la bonne idée de l’inclure dans les  bonus), sorte de Cube minimaliste, on attendait au tournant Fred Grousset pour son second long métrage. Enfin façon de parler. Il ne s’agit pas ici d’un réalisateur qui  aurait enfin en possession un budget conséquent après un long métrage de 3000 euros. Si mes souvenirs sont exacts, Climax avoisinerait les 10 000 euros. Quelle ascension sociale !

J’étais impatient de découvrir ce qui se présentait sur le papier et sur les divers forums que j’ai consultés comme un thriller étouffant, un huis clos malsain entre David Lynch et Rolf de Heer, dixit la jaquette. Joli programme en perspective.

Le prologue m’a laissé perplexe. La passion de Fred Grousset pour les séries TV du style La quatrième dimension, Alfred Hitchcock présente ou Histoire singulière est prégnante dans cette intro bancale. Une distanciation un peu gênante empêche d’emblée le spectateur d’adhérer au récit. Fred Grousset met en place une sorte de film dans le film,  façon mise en abîme potache. Un personnage présente un film inspiré d’une histoire vraie et un faux générique lance le « vrai film ». Vous suivez… Non, tant pis. L’intérêt est ailleurs.

L’épilogue se conclut en toute logique de la même manière mais avec une visée plus  ironique et décontractée. Une pirouette absurde clôt habilement le film.

Réunissant en partie la même équipe que pour Aquarium (le comédien Julien Masdoua, Yoann Valette à la photo), Climax souffre néanmoins d’une mise en place un peu laborieuse, freinant le climax tant attendu. Le film aurait peut-être mieux convenu à un format plus restreint. Etiré sur une heure dix, ce huis clos étouffant perd une intensité que l’on sent poindre à chaque séquence. Car si le film échoue à instaurer une ambiance angoissante, il reste néanmoins un exercice de haute volée confirmant les qualités de mise en scène de Fred Grousset. La direction d’acteurs est plus homogène que dans son précédent opus même si Julien Masdoua force un peu le trait. Les autres comédiens sont impeccables. Mention spéciale à Fred Jimenez, aperçu dans les cours de Thierry Lopez, qui possède une bonne tronche de bad guy.

Fred Grousset utilise à merveille son dispositif minimaliste et fait preuve d’un savoir faire visuel épatant. La qualité de la photographie, aussi bien en extérieur qu’en intérieur, l’originalité de certaines prises de vue et un montage cohérent et sans esbroufe, font de Climax un thriller paranoïaque agréable qui possède nombre de vertus dont certains films traditionnels « dit professionnels » sont totalement dépourvus.

Cinéphage averti, Fred Grousset ne peut s’empêcher de truffer son film de références, qu’elles soient conscientes ou non, de La nuit des morts vivants à The killer must kill again en passant par Shining (les prises de vues numériques de la voiture).

Nouvel examen de passage réussi. Il ne reste plus qu’à transformer ce deuxième essai en une vraie réussite pour un troisième long attendu. Je croise les doigts.

(FRA-2009) de Fred Grousset avec Julien Masdoua, Marion Trintignant, Fred Jimenez

Fiche technique. Langue : Français. Format : 2.35 16/9. Durée : 70 mn. Audio : 5.1

Bonus :

Commentaire audio de l’équipe du film, making of, scène coupée et fin alternative, bandes-annonces, diaporama de photos, AQUARIUM premier long métrage de Frédéric Grousset.


A propos de Manu

Docteur ès cinéma bis, Manu est un cinévore. Il a tout vu. Sorte d'Alain Petit mais en plus jeune, son savoir encyclopédique parle aux connaisseurs de films méconnus. Il habite près de Montpellier où il peut observer la faune locale : le collectif School’s out, l’éditeur le chat qui fume et l’éditeur Artus Films. Avec son air d’Udo Kier, il n’est pas exclu qu’on le retrouve dans une production de genre.

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