FEFFS – Episode 2 1


Monsters

De Gareth Edwards

Entre le Mexique et les Etats-Unis, une zone a été placée en quarantaine depuis l’apparition de créatures extra-terrrestres il y a de cela six ans après la chute d’une sonde de la NASA. L’armée US jugule constamment les migrations des aliens par des bombardements massifs. Un photographe et la fille de son patron vont tenter de traverser cette zone extrêmement dangereuse afin de regagner les USA.

La mode est aux « micro-budgets » en ce moment et à vrai dire, par rapport au « riche » Le Dernier Exorcisme – 1,8 million, que c’est dispendieux ! – Monsters de Gareth Edwards fait figure de projet d’étudiant avec ses, parait-il… 15.000 dollars de budget. Une somme qui parait difficilement concevable (pour ne pas dire irréaliste, ou alors personne n’a reçu un cent, ils ont volé le matériel et laissé les faux-frais impayés, et encore…) en regard de ce que présente le film. De l’argument promotionnel quelque peu mensonger pour faire écho aux 15.000$ claironnés sur tous les toits d’un certain Paranormal Activity ?

En tout état de cause, Gareth Edwards, dont c’est le premier film, a eu l’intelligence d’écrire son script en adéquation avec une grande contrainte financière. Autant le dire sans attendre : Monsters n’est pas du tout un ersatz de l’impétueux District 9 de Neill Blomkamp auquel il est parfois associé alors qu’il ne partage que vaguement le postulat de départ. De même, Monsters n’est pas réellement un film de… monstres. Il y en a bien sûr (et quels monstres) mais le scénario raconte surtout l’itinéraire d’un couple en devenir dans une zone de guerre. Sans l’argument fantastique, cela aurait pu être tout aussi bien un drame situé à  n’importe quelle frontière actuelle du globe soumise à de très graves tensions géopolitiques.

Donc, Monsters colle à notre réalité (et n’hésite pas, au passage, à pointer du doigt les bombardements de populations civiles par l’armée américaine, les tristement célèbres « dommages collatéraux »), mais la dévie de peu, en retouchant pour l’occasion les paysages. On peut signaler que le travail de post-production est impressionnant tant les détails pour apporter de la crédibilité au contexte et aux combats fourmillent, que ce soient des carcasses d’avions, ruines et signalétiques judicieusement placées dans les environnements. C’est quand même, indubitablement, la qualité du long-métrage qui est la plus défendable : le spectateur est immergé dans cet univers et il y croit.

L’orientation d’opter pour le film intimiste peut déplaire, ainsi que son rythme très contemplatif qui lorgne vers la carte postale, à tendance ventre mou : c’est clairement d’une demi-heure trop long. Autre élément désavantageux, les deux protagonistes principaux ne transmettent guère la sympathie suivant les sensibilités, ce qui peut poser problème vu que la relation sentimentale qui s’éveille entre eux, par petites touches, est l’épicentre de l’édifice. Avouons que la plongée dans la jungle offre quelques beaux moments. L’histoire ne nous laisse qu’entrevoir cette guerre perpétuelle, présente à la fois partout et nulle part. En clair, n’attendez que peu de confrontation directe façon La Guerre des mondes, ce qui est assez malin et, encore une fois, réaliste, mais en contrepartie frustrant.

Seulement, quand Edwards laisse apparaitre ces êtres venus d’ailleurs, ils sont époustouflants dans la plupart des cas (par contre, bien mauvaise idée de laisser des tentacules en pleine lumière, c’est le meilleur moyen de percevoir les effets numériques) : des créatures lovecraftiennes qui oscillent entre placidité et sauvagerie soudaine. Certains plans laissent deviner ce que serait vraiment, à hauteur d’homme, une infestation extra-terrestre, et ils font froid dans le dos.


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