Un homme seul avec son chat. Un appartement, une télé et un cutter. Estomacs sensibles, vous abstenir. Pour les autres, isolez-vous, mettez la vidéo en plein écran, en HD, et le son assez fort.
Entretien avec Julien Zenier
(extrait du Hors-série Cinétrange sur le cinéma fantastique francophone)
Pourquoi Nacho Cerda est-il remercié dans le générique ?
Avant de concrétiser SNIP, nous avons travaillé avec mon co-scénariste Marc Troonen pendant plus de deux ans sur un projet intitulé I AM A SHADOW. C’était un projet un peu fou, très ambitieux visuellement, un véritable objet de cinéma pensé par des passionnés pour les passionnés du cinéma de genre.
Il y a an et demi, durant le festival de Sitges, j’ai présenté un dossier du projet à Nacho. Et nous sommes restés en contact, tout simplement ; ce qui est assez rare dans ce milieu où l’on vous dit souvent qu’on vous rappelle sans jamais tenir sa parole…
Nacho m’a écouté puis conseillé. Ses mots étaient simples, son discours limpide. Ça aide beaucoup, encore plus lorsque ça vient d’une personne dont vous admirez le travail. Si j’ai donc pu rebondir avec SNIP, c’est aussi grâce à lui.
Comment as-tu trouvé le comédien Zoé Berriatúa ?
De la manière la plus simple au monde : je l’ai appelé pour lui proposer le scénario et le rôle. Il a lu le script et a accepté.
Il faut dire que je connaissais Zoe Berriatúa en tant que producteur et réalisateur de courts-métrages. On s’était croisé et j’avais eu un bon feeling avec lui. J’étais moins au fait de son travail en tant qu’acteur, donc je me suis renseigné. Après avoir vu quelques uns des films, je me suis dit qu’il serait parfait pour interpréter le personnage de SNIP.
Peux-tu parler un peu de la société qui a réalisé ces effets spéciaux saisissants ?
La société en question se nomme Quimera FX. Elle est basée à Bilbao, au pays basque, et est gérée par le talentueux Gorka Aguirre, aidé dans sa tâche par sa collaboratrice Cristina Iglesias. Dès le départ du projet, je m’étais constitué une base de documents, de croquis et de photos anatomiques que j’ai passé à Gorka.
Il fallait que le résultat soit le plus réaliste possible sous peine de faire capoter l’entreprise. C’était la gageure du projet SNIP. Le défi était de créer le matériel nécessaire en moins de trente jours, en plus de leur travail quotidien sur une comédie musicale. On a d’ailleurs dû modifier le plan de travail le jour-même du début du tournage pour leur donner quelques heures supplémentaires !
Il y eut pas mal de stress généré par ce retard, mais ça a vraiment valu la peine.
Avec quel type de matériel as-tu tourné le film et pourquoi ce choix?
SNIP a été tourné en HDCAM avec la Sony HDW 750 et optiques Zeiss Digiprimes. Nous avons choisi ce matériel avec le chef opérateur pour son rapport qualité/prix. Snip est un court métrage à petit budget et je ne pouvais pas me permettre un tournage en pellicule, mais nous savions que gonfler des rushes HDCAM en 35mm était possible sans qu’il y ait une grande perte de qualité.
Quel est le rapport entre le zapping et la mutilation ?
Je ne suis pas tout à fait d’accord avec le terme de « mutilation » ou « d’automutilation ». Tout simplement parce qu’il relève plus du champ médical et qu’il implique avant tout des troubles du comportement (dépression, phobies). Ce qui n’est pas le cas ici.
Je comprends que cela puisse dérouter mais – dans le contexte de cette histoire particulière – il s’agit d’un acte volontaire et profondément libérateur. Il y a de la part du personnage une véritable prise de conscience. Et puis il y a la métamorphose – douloureuse, inconcevable même – mais nécessaire. Jusqu’au plan final où on le devine apaisé. J’insiste beaucoup sur cet aspect là : car avant d’être un réquisitoire contre la télévision, SNIP est l’histoire d’une libération.