Fast Company, de David Cronenberg


fastcompany

Synopsis

Véritable légende vivante (??),  Lonnie Johnson est le pilote vedette de la firme Fast Company. Accompagné du jeune Billy qui conduit les « funny cars », il est constamment en concurrence avec Gary, pilote de la firme concurrente. Phil, le patron de l’équipe, va se retrouver en conflit avec Lonnie.

Critique

Admirateur inconditionnel de David Cronenberg, jusque dans ses expériences les plus limites (Stereo, Le festin nu), j’ai toujours fait l’impasse, consciemment ou non, sur Fast company, un de ses rares opus inédit en France. Le seul à ma connaissance si l’on excepte ses deux premiers essais expérimentaux.

De prime abord le sujet ne me passionne guère. Les rivalités masculines sur fond de courses de voitures, ont tendance à m’ennuyer sévèrement. Je garde même des souvenirs douloureux de machins comme Le Mans ou Jours de tonnerre. Récemment même j’ai été pris d’urticaire à la vision de l’innommable Michel Vaillant, production besson d’une crétinerie abyssale.

Evidemment, en intellectualisant le sujet, tout objet pelliculé abordant le thème de la vitesse engage une réflexion sur la puissance et l’ivresse, traitant sur un mode allégorique, une attirance pulsionnelle vers la violence et la sexualité. Crash est à ce titre un chef-d’œuvre de sensualité et de perversité, un poème sulfureux sur la fusion de la chair et du métal doublé d’une histoire d’amour fou, sans limite, fondé le désir absolu. Cette digression m’embarrasse à vrai dire ! Une fois visionné ce Fast company, le constat est sans appel. Pur produit de consommation, le film n’est qu’une série B très premier degré, sans relief ni ambition. Les thèmes chers au réalisateur canadien sont présents mais en surface. David Cronenberg élude même le potentiel érotique de son script  et se contente de suivre linéairement un récit prosaïque. Le scénario, digne d’un téléfilm standard,  taille à  la serpe des personnages sans grand relief : promoteur véreux et corrompu, pilote désabusé en fin de carrière, jeune chien fou désireux de prendre la relève, jolie groupie qui ne manque pas une occasion de ses dévêtir. A l’instar des moteurs, le film ronronne tranquillement jusqu’au générique de fin. Je défie quiconque de trouver le moindre style personnel à cette petite échappée belle. Aveuglé par sa passion indiscutable pour les véhicules motorisés, David Cronenberg s’est fait plaisir. Rien d’autre.

Si Fast company ne portait pas sa signature, on serait en présence d’une série B sympa doté de quelques scènes d’actions enlevées et d’une BO country rock façon Springsteen du pauvre. Finalement ne boudons pas notre plaisir. Et oublions l’auteur. En tant que néophyte, la discipline présentée est cependant assez fascinante. Le dragster est un sport mécanique  d’accélération sur des temps très courts. Cette drôle d’activité parait frustrante pour celui qui ne connaît rien. Au moins, les courses ne sont pas interminables.

Tourné entre le très glauque Rage et le magnifique Chromosome 3, cet édifiant hommage à  un sport peu connu est une parenthèse dans une filmographie presque sans faute du canadien, une pure curiosité en raison, paradoxalement, de l’anonymat du produit. Comme d’habitude, John Saxon, est parfait en crapule de service. Rien que pour sa prestation jetez un coup d’œil sur ce Fast Company qui ne marquera pas l’histoire du cinéma.

(CAN-1979) de David Cronenberg avec William Smith, John Saxon, Claudia Jennings, Nicolas Campbell

Edition Blue Underground. Blu-ray multizone.Son: 7.1 DTS-HD; 7.1 Dolby TrueHD; 5.1 Dolby Digital Surround EX. Audio : Anglais. Sous-titres: Anglais (SDH), Français, Espagnol. Format : 1.85

Bonus

Interview de John Saxon et William Smith

Stereo (1969) et Crimes of the futur (1970) (en anglais uniquement)

Commentaire audio de David Cronenberg

Interview de Mark Irwin à propos de David Cronenberg


A propos de Manu

Docteur ès cinéma bis, Manu est un cinévore. Il a tout vu. Sorte d'Alain Petit mais en plus jeune, son savoir encyclopédique parle aux connaisseurs de films méconnus. Il habite près de Montpellier où il peut observer la faune locale : le collectif School’s out, l’éditeur le chat qui fume et l’éditeur Artus Films. Avec son air d’Udo Kier, il n’est pas exclu qu’on le retrouve dans une production de genre.

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