Dan O’Bannon


Les années 70 – Troisième partie : Visualiser Alien

Nanti d’un budget de onze millions, le tournage s’effectuera aux studios Shepperton (Angleterre) sur quatre mois en 1978.

Scott demande la présence de O’Bannon, mieux encore, il lui donne un rôle primordial : Dès le lancement du tournage, O’Bannon est partout, comme à l’époque de Dark Star, donne son avis sur la moindre chose, est sur le dos des décorateurs en permanence, comme s’il était un assistant-réalisateur.

Scott lui offrant une opportunité rare, les réalisateurs n’aimant pas avoir le scénariste "dans les pattes". On s’en souvient, cela lui a déjà valu un désaccord majeur (comme on dit dans le milieu de la musique) avec Carpenter.

Alien est encore une histoire d’amitié avec Ron Cobb, le designeur du Dark Star. Ron Cobb, ancien illustrateur de bande dessinées, sera le designer du vaisseau Nostromo et le peaufine jusqu’au moindre détail, jusqu’à une signalétique réaliste. Chris Foss, un autre vétéran de Dune, participe au design. L’opposition de deux univers façonnés par deux artistes radicalement différents, l’excentrique Giger et le pragmatique Cobb, sera l’une des forces principales de la réussite plastique du film.

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Ron Cobb et O’Bannon planchent sur Alien

"Tout ce qu’il dessine donne l’impression de fonctionner." – Ronald Shusett à propos de Ron Cobb

Témoignages :

"Le chef décorateur, les concepteurs des décors qui étaient là étaient généralement tendus à cause de moi. Personne ne les mettait sous pression, pas même Ridley. Sauf moi. J’examinais tout ce qui arrivait de la déco pour voir si ça correspondait aux dessins sur lesquels j’avais sué. Si ce n’était pas le cas, je devenais très agressif." Dan O’Bannon.

"Dan était toujours là, passant d’un dessin à un autre, l’oeil à tout. Je ne sais pas s’ils étaient habitués. Dan se mêlait de tout, mais il tenait au film. Ripley lui avait permis de le faire, car l’avis et la contribution de Dan lui plaisaient. Ron Shusett était là, lui aussi. Les scénaristes étaient très présents sur le film […]" Ron Cobb

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Il s’introduit en douce dans une cabine de projection pour juger de la qualité des rushs malgré l’interdiction formelle de Gordon Caroll et adore ce qu’il voit. Après un tournage difficile (qui mérite un papier à part entière), le long-métrage sort le 25 mai 1979. Dan O’Bannon sera en état de choc en découvrant les files d’attentes devant les cinémas qui s’étendent jusque loin dans les rues parce qu’il prends conscience que toutes ces personnes viennent voir son film.

Il avait sans doute attendu ce succès depuis si longtemps, frustré par l’affreuse expérience de Dune, qu’il s’impliqua comme jamais. Peut-être parce qu’il avait aussi pressentit que Alien, le huitième passager serait l’oeuvre de sa vie.

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Scott at Work

Et c’est bien le cas. Alien c’est un peu du rêve perdu de Dune qui aurait réussit à se finaliser. Une assemblée de visionnaires et d’artisans, qui par magie, par expérimentation constante, apporteront, de l’artiste torturé (HR Giger) à l’aérographiste ou le technicien talentueux, leur contribution irremplaçable. Une oeuvre symptomatique du cinéma comme d’essence collective où l’on ne peut enlever le moindre élément sinon tout s’écroulerait comme un château de cartes. Là où Dune s’est effondré de par son gigantisme, Alien va tenir du miracle.

Sur cette fin de décennie digne d’un conte de fées, après tant de difficultés personnelles, s’ouvrent pour O’Bannon les années quatre-vingt qui seront des années d’opportunités… mais également de déconvenues cinglantes.

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