Dan O’Bannon


Les années 70 – Deuxième partie : Ecrire Alien

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"Je souffrais de crampes d’estomac et ça m’a donné l’idée de la scène où la créature perfore le ventre […]" – Mad Movies N°203 – Décembre 2007

Toujours au plus bas, sans finances, et de retour aux states, la longue galère se poursuit. Mais parler de Dan O’Bannon, c’est aussi parler de l’histoire d’une amitié indéfectible avec un homme qui aura une importance totale dans sa vie personnelle et professionnelle, qui co-écrira, voir écrira tout court des scripts de son ami (mais nous verrons cela plus tard). À son retour, Ronald Shusett accueille cet homme brisé, lui offre un toit, et un… canapé. O’Bannon accepte vaguement un boulot sur les sabres lasers de Star Wars, poursuit divers amorces d’idées dont They Bite et Gremlins (qui n’a pas de rapport avec le Joe Dante). Dans ce dernier, des gremlins attaquent un B-17. Mais c’est Sushett qui le motive sur ce scénario de monstre dans un vaisseau spatial.

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Dan O’Bannon et son complice de toujours, Ronald Shushett, dans les années 70

Dan O’Bannon lui dit : "J’ai ce premier acte. Et je sais que tu es bon, parce qu’on a déjà travaillé ensemble et parce que j’ai vu ton ton travail d’écriture sur Total Recall. Je sais que tu pourras me mettre à l’étrier." Les trois mois suivants il les passera à écrire le script, jour et nuit. "Je survivais avec les hot-dogs de Ron", dira-t-il plus tard.

"Et une nuit vers 3h du matin, je relis mon texte et je vois le mot "alien" ou extraterrestre, et tout d’un coup, il s’impose à moi !" Quant à lui, Shusett trouve l’idée du parasitisme et de "l’intubation".

Après Michel Seydoux, le producteur De Laurentiis achète les droits de Dune de Frank Herbert. Il propose la réalisation à Ridley Scott qui ne tarde pas à refuser.

Inspiré par It, The terror from beyond space, les duettistes pensent le vendre depuis les origines à Roger Corman. Ils se présentent naturellement chez Corman, où le script enthousiasme. Mais Mark Haggard demande deux semaines avant qu’ils s’apprêtent à signer.

Le script passe des mains de Mark Haggard à celles de Walter Hill, David Giler et Gordon Carroll qui viennent de fonder Brandywine. Ils le trouvent tout simplement "pourri". Mais une scène… LA scène, les empêchent de balancer le script à la poubelle : la naissance de l’Alien par expectoration. Alan Ladd aime le script, le Alan Ladd Jr. qui a produit Star Wars. Giler et Hill récrivent le script neuf fois. Des réécritures qui mettent hors d’eux les deux auteurs d’origine.

Depuis que Star Wars a chamboulé tout le box-office à l’improviste, le scénario bien que piètrement considéré devient une priorité. O’Bannon devra se battre contre les pontes de Brandywine qui veulent le spoiler de son scénario. Comme le souligne Marc Toullec dans son entretien en deux parties dans les Mad Movies numéro 203 et 204, ils apportèrent néanmoins deux éléments indissociables de l’éclatante réussite narrative d’Alien : le fait que Ripley soit une femme et le personnage de Ash.

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L’objet de la discorde et de la colère de Dan O’Bannon

O’Bannon pensait le réaliser. Walter Hill est prévu et repousse l’offre tant il n’est pas à l’aise avec les SFX, puis Robert Aldrich, Peter Yates, Jack Clayton (Les Innocents)… C’est un cercle vicieux car c’est l’apport d’un réalisateur connu qui donnerait au film l’aplomb nécessaire, mais aucun réalisateur ne prends vraiment au sérieux ce "film de monstre".

Giler, Carol et Hill voient Duellistes (1977), long-métrage que le réalisateur de publicités Ridley Scott a créé et finalisé quasiment que sur ses épaules. Une fois le script lu, Scott en tombe amoureux et commence à le visualiser en croquis. Cette visualisation permet de monter le budget dans les 8,4 millions.

Ridley Scott est un adorateur de la bande-dessinée Métal Hurlant, est profondément influencé par le réalisme de 2001, L’Odyssée de l’Espace. D’entrée, il a "une vision" :

"Ce que je voulais moi, c’est Massacre à la tronçonneuse dans l’espace."

Il n’aime pas les films d’horreurs, ça le dégoute même, mais le film de Tobe Hooper le fascine.

O’Bannon montre le travail de Giger à Scott, le Necronomicon (Necronom IV de 1976). En l’espace d’un instant, la seule problématique majeure de Scott s’évanouit : il tient enfin son monstre. Scott s’envole pour Zurich, parce qu’il veut Giger sur le plateau, et tout de suite.

La Fox trouvant dans le réalisateur Ridley Scott le réalisateur capable de forger une identité visuelle forte, le projet est greenlighté.

L’aventure Alien commence.

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