Préambule
Le métier de scénariste est aussi ingrat qu’il peut être exaltant.
Ingrat, parce qu’il y a le déplaisir de voir son œuvre tronquée en quelque chose dans laquelle l’on ne se reconnait plus. Ingrat, parce que le scénariste reste l’homme caché. L’homme de l’amont, qui, sur les productions une fois la machine lancée et l’argent en jeu n’a pas toujours son mot à dire. Après tout, le scénario n’est-il pas un outil plutôt qu’une œuvre vouée à être éditée ? La réussite du film sera toujours celle du metteur en scène. Certains, face aux frustrations inhérentes au métier, prennent un recul nécessaire et préfèrent s’impliquer le moins possible au niveau émotionnel ou en finissent par devenir réalisateur pour porter eux-mêmes leurs écrits à l’écran.
Mais exaltant, car cet art est un trait d’union entre le texte et l’image animée. Exaltant parce qu’on peut rendre hommage à l’univers culturel qui nous a bercé. Exaltant surtout parce qu’il y a la satisfaction de pouvoir créer un univers à partir d’une page blanche et de le voir se développer, porté à l’écran, et dans certains cas, de pouvoir changer la face du cinéma. Dan O’Bannon aura connu tout cela.
Premiere.fr débutait une news sur son décès par : "Daniel Thomas O’Bannon : il y a de grandes chances pour que son nom ne vous dise rien."
Sauf si on a été nourri au biberon de ce scénariste, qu’on a "appris" une manière de faire du fantastique avec Alien, et grandit avec des films sur lequel il a travaillé. Tel est mon cas et j’espère trouver les mots les plus justes pour parler de ce talentueux créateur dont la carrière est trop brièvement résumée par commodité à "scénariste du premier Alien".