« Tuer le temps » en français est une sorte de western en huis-clos ou un film gore un peu pervers; on ne sait pas trop. Quatre jeunes gens, deux filles et deux garçons, s’installent avec leur camping-car au milieu de nulle part, entouré d’une steppe aride et à proximité d’une autoroute. Blasé par le camping en centre, ils ont décidé de s’isoler pour faire leur barbecue. La panique gagne rapidement le groupe lorsqu’un des hommes est tué par un mystérieux sniper, caché dans les fourrés. A travers sa lunette, le tueur s’amuse à loger des balles dans les portes, dans les canettes de bière et dans les crânes pour finir.
Avec ses tons noirs et jaunes, sa chaleur omniprésente, Las Horas Muertas distille une atmosphère poisseuse. C’est d’ailleurs principalement un film d’ambiance n’appartenant à aucun genre en particulier. On passe donc d’un thriller de tueur en série, à un film d’horreur lorsque la tête d’une des filles explose et répand du sang partout dans l’habitacle. Les survivants s’enferment progressivement dans un étrange mutisme. Le jeune homme encore en vie tente alors de peloter la survivante, dans une sorte d’étreinte ultime mais celle-ci s’y refuse. Trop longtemps retenu prisonnier, le camping-car devient une sorte de prison exigüe, jonchée par des détritus divers et des cadavres en décomposition. La déco commence aussi à être abimée à cause des assauts répétés du sniper. La fin est tout aussi bizarre puisque l’homme se résigne à être prisonnier, et faute de partenaire sexuelle, il reprend ses activités initiales !
Le court-métrage est visible dans son intégralité ici :
Entretien avec le réalisateur espagnol Haritz Zubillaga
Pouvez-vous nous parler de votre parcours personnel ou professionnel ?
J’ai toujours voulu être réalisateur. J’ai passé un diplôme dans l’audiovisuel à l’université. J’ai travaillé comme monteur et j’ai réalisé plusieurs courts-métrages. Las horas muertas est mon travail le plus abouti. Il a été récompensé par une trentaine de prix dans des festivals nationaux et internationaux. Il est également nominé pour le méliès d’or du meilleur court-métrage fantastique.
Comment est né ce projet de film ?
Quand j’ai écrit le scénario, je n’avais rien de spécifique en tête. La seule chose que je voulais était une histoire avec un sniper. Ensuite sont venues les images de l’autoroute, et des quatre jeunes gens en vacances. L’histoire flirte un peu avec ces slashers pour adolescents ou d’autres films comme Massacre à la tronçonneuse ou La colline a des yeux. Une fois que j’avais fini le script, je n’ai pas pu me résoudre à tourner. Le temps a passé. Après avoir vu plusieurs gialli, j’ai finalement compris le genre de film que ce serait. De cette inspiration est venu la musique avec le sifflotement, le contexte érotique et la chute. A partir de là, j’ai eu très envie de faire le film.
Quel était votre but avec ce film ?
Faire quelque chose d’excitant du premier au dernier plan.
Qui est le tueur ?
Les experts sont en train de travailler dessus. Les réponses devraient arriver sous peu.
Je trouve que votre film ressemble à un western. Etes-vous d’accord ?
Je suis flatté. Honnêtement, je n’avais aucun western en tête quand nous avons tourné. Mais Sergio Leone doit être le plus grand réalisateur de toute l’histoire du cinéma. Il apparaît partout.
Que fait le dernier survivant à la fin ?
Il écrit. Il étudie tout comme il étudiait au début du film. Pourquoi ? Sans doute parce qu’il n’y a plus de fille à harceler.
Quels sont vos projets ?
Je viens de finir le scénario d’un long métrage. Une fois de plus, c’est un film d’horreur. Une fois de plus, il y a quatre amis sur une autoroute. Et une fois de plus, ils sont la proie d’une menace sans merci. Mais cette fois-ci, elle ne vient pas d’un sniper mais de très très loin…
Pas mal du tout. On dirait un peu une vision accélérée de ce qui aurait pu être un long-métrage, ou on aurait gardé seulement des moment d’ambiances importants. J’aimerais bien savoir combien de temps s’écoule pour que le cadavre de la blonde soit pourri et que le mec soit vert…
En tous cas je trouve qu’il y aurait largement de la matière pour un long, ou bien pourquoi pas pour plusieurs petits. En tous les cas le sujet de base est carrément trippant est ouvert.
V’làtipas que je cherche des infos sur le réal’ sur la toile, et sur quoi je tombe : une interview par notre cher rédac’ chef qui date de 2009 :))
Excellent !
Une graine de star ce Haritz, et bien vu le rapprochement avec le western (jusque dans la musique très influencée par Morricone).C’est marrant d’apprendre qu’il a été inspiré par les Gialli, surtout lorsqu’on sait qu’Argento a débuté sa carrière aux côtés de Sergio Leone.
Le plan sur le silencieux m’a aussi semblé être un clin d’oeil à la scène d’intro de Dirty Harry.