Coffy, la panthère noire de Harlem


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Grand merci Ciné Polar pour la diffusion de Coffy, la panthère noire de Harlem (ce titre tient du poème), l’un des films emblématiques de la Blaxpoitation. Sa grande réputation serait-elle surfaite ? Loin s’en faut, Coffy (1973) s’avère inégal mais plaisant. Le commencement est sec comme il se doit. Coffy, une brave infirmière, dégoutée par l’empire de la drogue qui a pourri sa petite soeur, devient vigilante du week-end. Pour se venger, elle abat froidement un dealer en un headshot magistral au fusil à canon scié et inflige un fix mortel à un deuxième.

L’évidence saute aux yeux, Pam Grier déborde d’un charisme animal sidérant. Elle se meut tel un félin, telle une panthère, et le titre français semble bien approprié. Le plus épatant reste son naturel pour se servir des armes de femme (séduction pour approcher son ennemi) tout en usant d’une violence volontiers masculine. L’égérie de la Blax’, l’incandescence même, brûle l’écran, Jack Hill le sait et en joue pleinement. Le rat de vidéothèque Quentin Tarantino en resta foudroyé au point de lui consacrer un hommage vibrant dans Jackie Brown vingt-quatre ans plus tard.

Concernant la réalisation, Jack Hill (Switchblade Sisters, The Big Doll House, The Big Bird Cage, Foxy Brown, mais avant tout l’auteur de Spider Baby, une dinguerie néo-gothique méconnue) livre un travail carré sans tutoyer les grands pontes en exercice d’alors, William Friedkin et consorts. Dans le cadre d’une production American International Picture, les ingrédients nécessaires pour un public en quête de sensations fortes prédominent (filles dénudées, action brutale et rebondissements), l’artistique reste fortuit !

Dommage qu’une série de scènes fasse retomber le rythme ; Jack Hill aurait gagné à les enlever, les raccourcir ou les rendre plus nerveuses. De même, il s’éparpille dans l’Exploit’ au détriment du scénario, ainsi le catfight de la soirée mondaine dure plus que de raison, bien que l’amateur conviendra pertinemment que cela participe au charme inhérent au « cinéma de quartier ».

Un scénario qui, s’il reste sans surprises, soutient ce thriller avec efficacité. À noter qu’il n’adhère à aucun manichéisme puisque quelque soit sa couleur, chacun ou presque palpe le billet vert et qu’importe les moyens. Dans les meilleurs moments, une ambiance de western urbain ressort. Je pousserais même le vice à évoquer Pour une poignée de dollars quand notre héroïne désigne un Pimp trafiquant de drogue qui se fera trucider, et de quelle manière, par d’autres gangsters.

S’y ajoute une bande originale pimentée du légendaire vibraphoniste et chanteur de jazz Roy Ayers qui renforce encore le statut de Coffy en tant que jalon incontournable de la Blax’. Quatre morceaux seront repris tel quels dans Jackie Brown. Petite cerise de 9mm sur le gateau, Sid Haig joue un malfrat avec sa conviction coutumière.

S’il avait été plus fiévreux et resserré, Coffy aurait été un pur bijou. En l’état, il est déjà chaudement recommandable.

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