Rien que pour les visuels des pochettes, ces deux livraisons du label italien beat records méritent l’achat immédiat. Dans un style dessiné hyper réaliste, les deux CD reprennent le graphisme original des affiches de deux polars italiens des années 70.
Tous deux disponibles chez Raro video, Liberi armati pericolosi de Romolo Guerrieri et Milano rovente de Umberto Lenzi sont deux « poliziotteschi » dans la plus purs tradition du genre. Mais plutôt que d’évoquer les films, parlons des BO, nettement moins conventionnels, ou du moins représentatifs de ce qui se faisait dans le genre.
On est loin du style rentre dedans efficace entre pop, funk et variété qui inspira des compositeurs aussi variés que Ennio Morricone, Guido et Maurizio de Angelis ou encore Franco Micalizzi. La violence iconographique qu’inspirent les deux pochettes de disques sont contrebalancées par des BOF nettement plus reposantes.
Dans Milano Rovente, Carlo Rustichelli compositeur de plus de 250 bandes originales dont Croc Blanc de Lucio Fulci, Kapo de Gillo Pontecorvo et Avanti ! de Billy Wilder, articule ses compositions autour de deux thèmes principaux. Le premier évoque le jazz cool et feutré de sa partition célèbre pour 6 femmes pour l’assassin. Le second, nettement plus mélodique, joue la carte de la nostalgie avec son inspiration typiquement napolitaine écho lointain au meilleur de Nino Rota.
Parfois répétitif dans sa démarche, cette BOF ne colle pas vraiment au style vigoureux de Lenzi, spécialiste du polar violent mais s’écoute sans déplaisir. Le seul morceau chanté, What is this love, interprété par Melody, ravira les amateurs de lounge music. De plus, une interview vidéo du cinéaste, lisible sur PC, est disponible sur le CD.
Nettement plus orientée vers le jazz, la musique de Liberi Armati pericolosi est gâchée par des arrangements variétés qui peuvent néanmoins faire la joie des amateurs d’easy-listening. On a l’impression d’entendre un album un peu schizo, avec, d’un côté une volonté de Gian Franco Plenizo de s’orienter vers des ritournelles populaires usant de cordes pompiers et de cuivres limites ringards, et de l’autre côté, l’ambition d’Enrico Pieranunzi, grand pianiste de jazz, relevant constamment le niveau grâce à son doigté virtuose et aérien.
Là encore, la pochette, vraiment old school façon Dirty Harry, est à mille lieues de l’enrobage sonore parfait pour les soirées cocktails envahies d’une déco kitsch.
Il vaut mieux se rabattre sur les albums solos de Pieranunzi, grand pianiste qui s’est régulièrement accompagné de pointures tels que Paul Motian, Marc Johnson ou encore Joey Baron, et que certains spécialistes n’hésitent pas à comparer à Bill Evans.
Interview vidéo de Gianfranco Plenizio disponible sur le PC.
Site Internet : www.Beatrecords.it