Le film de Pascal Laugier sortira le 4 mars en dvd et blu-ray chez Wild Side. Le film se laisse revoir, même si le choc de la découverte est moindre. Nous parlions déjà du film ici. Par ailleurs, c’est la première partie qui semble plus intense, la deuxième n’étant finalement qu’un film de torture où une jeune fille s’y fait longuement violenter. Ceux qui connaissent la fin savent déjà quel est le propos de Pascal Laugier, une idée de réflexion intéressante et sérieuse, qui nous change des autres films de genre de simple divertissement. Le film est donc divisé en deux et la première partie est une plongée violente et brutale dans le psyché de Lucie, brutalisée lors de son adolescence. Celle-ci massacre une famille en guise de vengeance et se retrouve poursuivie par une effrayante créature qui la mutile sans répit… Le rythme est rapide et ne laisse pas souffler le spectateur qui se retrouve balloter entre différents genres : giallo, revenge movie, film gore, épouvante psychologique et même fantastique. Laugier connaît sa grammaire et s’en sert pour nous destabiliser au maximum. On pense notamment au cinéma de Zulawski, avec une caméra nerveuse qui ne tient jamais en place et des héroïnes hystériques ayant des accès de folie furieuse. Voilà pourquoi la deuxième partie, froide et clinique, est mois forte, et finalement assez plate si l’on connaît le but final des tortionnaires… Martyrs reste une expérience viscérale avec des effets spéciaux qui vont très loin dans le détail et un propos toujours audacieux.
Les bonus
Le making-of d’une durée d’1h25 est intéressant la plupart du temps même s’il se concentre un peu trop sur les cascades et les difficultés à gérer le timing d’un plan. On y voit beaucoup d’images de tournage qui s’est déroulé au Canada, avec de nombreux techniciens québécois. On est aussi le témoin des petits conflits entre les actrices et le réalisateur. Laugier y explique ses sentiments d’amour et de haine envers le tournage. Il tourne au coca-light et au tabac. Il explique que finalement, ce film est à l’opposé de Saint-Ange qui était préparé dans les moindres détails. Ici, Laugier avait son film en tête mais n’a rien storyboardé par exemple. On assiste également à toutes les difficultés du tournage et notamment un accident qui a immobilisé Morjane Alaoui pendant un mois !
Les maquillages se concentre sur le travail du regretté Benoît Lestang. On visite son atelier et il nous explique en entretien qu’il partageait une maison au Canada avec Pascal Laugier et qu’il était donc son confident vis-à-vis de tous les problèmes rencontrés. Lestang évoque les longues journées de travail et la quantité phénoménale d’effets spéciaux à fournir. Il nous explique un peu les techniques employées par les maquilleurs et nous donne son point de vue sur les trucages numériques.
Anatomie de la censure commence par un générique un peu grandiloquent et trop dramatique. Heureusement, la suite est plus objective et a le mérite de laisser intervenir tous les points de vue : le réalisateur (qui veut imposer sa vision), le producteur (qui veut rentrer dans ses frais), différents points de vue de membres de la commission de classification (un qui défend le film et un qui veut protéger les ados). Pour mémoire, le film était pendant un temps menacé par une interdiction aux moins de 18 ans, ce qui aurait réduit l’exploitation du film à un réseau restreint de quelques salles. On a donc droit à quelques explications sur la manière de définir les restrictions d’âge pour un film. Celui qui défend le film possède un exemplaire de Salò dans sa dvdthèque que l’on voit en arrière-plan ! En tout cas, le documentaire propose une très bonne analyse de la problématique d’un film de genre un peu intelligent. En plus d’une horreur graphique et réaliste, c’est surtout le propos du réalisateur qui a dérangé, c’est-à-dire un simple questionnement sur la définition du martyr. Il n’apporte pas de réponse évidente et c’est bien ce qui pourrait gêner un public un peu trop jeune. Un petit groupe s’était formé à l’époque pour manifester contre la « censure » de Martyrs. Je me demande si un tel mouvement serait aussi spontané pour un film à caractère sexuel. Car si le film de Laugier propose une violence extrême, il n’aborde absolument pas de thème lié à la sexualité, qui doit être un tabou encore plus fort dans notre société, que Laugier qualifie de « crispée ».
Un entretien du réalisateur de 20 minutes figure également sur ce second disque de bonus. On trouve aussi différentes bandes-annonces. Le film est proposé en DTS 5.1 et Dolby Digital Stéréo, DTS Master Audio pour le blu-ray. Cette édition est très complète et a l’avantage de faire le tour du problème « Martyrs« . Par contre, elle démystifie totalement les effets spéciaux et le mystère qui constituent le film…
Wild Side et Cinétrange organisent très prochainement un concours où vous pourrez gagner 5 exemplaires du dvd Martyrs de Pascal Laugier. Stay tuned.