Dead Bones, entretien avec Olivier Beguin


Comment as-tu appréhendé la manière de tourner le gunfight ?
Je voulais dès le début filmer ça du point de vue des deux gars. Pas vraiment envie d’aller mettre ma caméra derrière les épaules des ennemis. Je voulais de la caméra portée, mais pas non plus trop, ni trop serré, genre Bourne 2 qui devient un peu pénible. Après, j’avais l’idée de faire cela un peu par petits plans-séquence plutôt qu’un montage à la Michael Bay. Pour tout dire, j’avais comme référence Children of Men. On est d’accord, c’est une référence écrasante et on n’avait pas la prétention de faire ça, bien sûr, mais dans le style, dans l’idée, c’est ce que je disais à mon chef op. Malheureusement, on manquait de figurants, de costumes et de temps pour faire cela correctement. Donc au final ça ne fonctionnait pas et on est reparti des mois plus tard à Tabernas pour faire des inserts plus serrés des assaillants. Je continue de croire que ça aurait pu fonctionner selon mon idée de départ, mais il aurait fallu plus de temps et de moyens pour y parvenir pleinement.

Quelle est la plus grande difficulté que l’on rencontre sur le tournage d’un western ? J’ai lu que les vents sableux étaient un inconvénient de taille.
Au final, c’est toujours la même chose, tous les problèmes découlent d’un manque de temps et / ou d’argent. Mais oui, le vent c’est un problème, quoique plus pour les gars du steadycam et l’assistant caméra que pour moi. Et pas facile de tourner avec des chevaux, c’est quand même sacrément imprévisible. On a d’ailleurs eu une belle frayeur quand l’un d’eux est passé sur le chef op, Florian Gintenreiter.

Tu as rencontré Annick Mahnert au Festival de Stiges en octobre 2006 pour Naufrage. La productrice s’est impliquée à cent pour cent sur ton projet.
On se connaissait un peu avec Annick notamment pour avoir une année bossé ensemble sur la sélection des courts métrages du NIFFF. Et c’est effectivement à Sitges que le projet a vraiment démarré, avec elle et Adan à bord. Et oui, elle s’est donné à fond, d’autant plus qu’on n’avait pas vraiment de chef de production, donc elle cumulait pas mal de tâches !

Combien Dead Bones a-t’il couté ?
Je suis juste réal, donc j’ai pas les chiffres exacts, mais on tourne autour des 60’000 euros. Je sais par contre qu’il reste 29 francs sur notre compte (pas en euros, en francs, c’est dire), ce qui fait un peu léger quand même pour la promo qu’il reste à faire.

Près d’une trentaine de festivals ont sélectionné Dead Bones. Tu es donc devenu un véritable globe-trotter depuis quelques mois. Que retires-tu de cette aventure ?
On a eu une 31ème sélection hier soir, au Colorado. Je me suis un peu déplacé, oui. Strasbourg, quasi un aller-retour, mais très sympa de rencontrer les autres réals de courts francophones. Dublin, où Arie est venu, étant donné qu’il est irlandais. Il a donc amené sa famille et ses potes. Aberystwyth, au Pays de Galles, un endroit où je ne serais jamais allé si ce n’est pour un festival. Je n’avais d’ailleurs jamais entendu le nom. Là, on a passé une soirée avec Claudio Simonetti (Ndlr : le compositeur fidèle de Dario Argento), qui trouvait que notre acteur ressemblait beaucoup au grand noir qui joue dans Zombie. Et bien sûr Sitges, énorme festival. Un écran immense, une qualité image et son au top. Et aussi une fête Dead Bones dans la chambre d’hôtel que nous payait le festival pour la soirée. On a invité Ferrara mais il n’est pas venu. Mais il y avait plusieurs directeurs de festivals de la fédération Méliès et on a aussi eu des discussions de cinéphiles passionnées avec Laugier jusque tard dans la nuit.

Ton court a eu parfois des retours très contrastés, voire même a fait l’objet de singulières attaques. Que répondrais-tu aux détracteurs de ton travail ?
Je suppose que tu fais allusion au critique suisse qui a démoli notre film après son passage au NIFFF. Le gars a avoué par la suite à Annick qu’en général il partait avant la fin aux films d’horreur, donc ça veut tout dire. Après, lire des trucs comme quoi c’est prétentieux d’aller tourner un western en Espagne, que j’aurais pu le faire à Neuchâtel au bord du lac, c’est à la limite de la connerie. Les critiques je suis pas contre si elles sont un tant soit peu argumentées. J’ai toujours été prêt à causer avec quelqu’un à la sortie d’une projo et d’écouter son point de vue. Mais la critique qui se veut à tout prix moqueuse, c’est juste un peu pénible. Le journaliste en question a critiqué Vinyan – que j’ai adoré – en comparant Béart à un canard, donc à vous de juger de l’argumentation de ses critiques.

Tu m’as fait part que tu allais étoffer l’histoire de Dead Bones pour réaliser un long-métrage. Est-ce à dire que pour toi ce court-métrage était prévu comme un entrainement ?
Oui, le but est de faire un long western / horreur, qui tournerait autour de la ville de Dead Bones d’une certaine manière. C’était un entrainement, oui, dans la mesure où faire un long avec des flingues, des chevaux et tout ça directement, c’est peu être un peu gonflé. Et c’est aussi surtout pour montrer ici en Suisse, à ceux qui peuvent nous filer des sous, que, oui, on a des ambitions, mais on est capable de les réaliser.

Pourrais-tu me livrer quelques informations sur ce mystérieux long-métrage à venir ?
Pas des masses pour le moment. Ca va tourner autour de Dead Bones, à priori les trois acteurs seront dedans. En tout cas eux sont partants. Et le film parlera d’un « gang » de chasseurs de primes. L’idée est de co-écrire ça avec Mason et Boyes, les gars de Broken et Devil’s Chair. Il faut qu’on discute de quand on fait cela, mais si tout va bien, je vais passer quelques semaines à L.A. pour cela au printemps. On aimerait bien avoir un premier draft ou en tout cas un traitement conséquent avant Cannes, étant donné qu’on va mettre le court au Short Film Corner. J’espère en savoir plus au niveau des dates d’ici deux-trois semaines.

Aurais-tu d’autres projets en vue ?
Avec notre association, Peliculas Bravas, créée pour Dead Bones avec Annick Mahnert et Adan Martin, on développe actuellement un court métrage, Le Lac Noir, de Victor Jaquier, réal suisse maintenant établi à Paris. Un conte fantastique assez sombre. Et encore un projet un peu fou à mettre en place.

Merci et bon courage pour tes futures réalisations.
Merci à toi et Cinétrange, votre soutien et intérêt sont clairement appréciés !

Propos recueillis par Udéka

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