Court-métrage réalisé par Pierre Guillaume, Fusible est un huis-clos qui met en scène trois personnages masculins lors d’un dîner. Clarence invite David à dîner. Mais il ne vient pas seul. Michel est l’invité surprise et il sent très à l’aise chez Clarence. Trop à l’aise même…
Fan de films de genre, le réalisateur a choisi de diviser son film en deux parties afin d’illustrer l’expression « péter un fusible ». Si le début constitue une fable sociale et se centre sur les relations entre les personnages, la suite lorgne plus du côté du film de torture classique. Techniquement, il n’y a rien à redire. Couleurs et lumières sont exceptionnellement soignées et la mise en scène au service du sujet. Si le début est chaleureux et coloré, la deuxième partie du film est sombre et rouge sang. Le choix de l’appartement (une décoration dans des tons très chauds), les éclaraiges et surtout la musique, participent à donner une ambiance étrange et pesante au film. Dès le début, on sent une tension presque surnaturelle entre un Clarence un peu trop maniaque et un Michel obscène, indécent. Le point fort et le point faible du film est justement ce personnage de Michel, trop extrême dans son comportement pour être réaliste. Il est tellement lourd qu’il devient également difficile d’éprouver de l’empathie pour lui lorsqu’il se fait violenter. Le gore fera quelque peu oublier cela sur la fin avec un effet assez impressionnant signé, une nouvelle fois, David Scherer.
Pour son « vrai » premier film, on sent clairement que Pierre Guillaume a tout soigneusement préparé jusqu’au moindre détail. Peut-être même un peu trop, à l’image de la maniaquerie de Clarence. Fait amusant (ou inquiétant), c’est le réalisateur lui-même qui interprète justement Clarence !
Entretien avec Pierre Guillaume
Est-ce ton premier film ?
Oui, c’est mon premier film … pro on va dire. Avant Fusible, j’ai réalisé quelques courts métrages en VHS-C, Hi8, et une série de films comico-trashs très courts en DV.
Pourquoi t’être lancer dans l’aventure du court-métrage ?
A la base, je voulais être monteur, puis comédien. Mais à force de bosser pour les autres, on a envie de se lancer. Plusieurs mauvaises expériences m’ont pousser à réaliser un court métrage. Mais l’idée me titillait depuis pas mal de temps quand même.
D’où t’est venue l’idée du scénario ?
L’idée de base est venue de mon personnage, Clarence, je voulais qu’il soit fou, malade ! Après, j’ai travaillé autour, en limitant les contraintes, c’est à dire peu de personnages et un seul lieu. Cela a donc donné un huis-clos.
Comment parvient-on à une image de cette qualité (lumière, ambiance, mouvement fluides)?
Ca se travaille pendant toutes les étapes du film : de la préparation (découpage), au tournage (beaucoup de discussions avec le chef-op), au montage, et bien sûr à l’étalonnage où on travaille beaucoup sur toutes les nuances de couleurs.
L’appartement du film existe-t-il vraiment ? J’ai trouvé la chambre vraiment très « rouge » !
Oui, bien sûr, il existe vraiment ! J’ai mis plusieurs mois à le trouver : difficile pour des particuliers de recevoir une équipe de tournage. La chambre a été éclairée afin de casser l’ambiance du repas. On entre dans un autre univers.
Quelle a été la principale difficulté ?
Cela a été essentiellement de réunir toute une équipe bénévole pendant 4 jours, jongler avec les plannings de chacun. Pendant le tournage, être des 2 côtés de la caméra n’a pas été simple non plus, mais tout était bien préparé avec mon assistant, une réelle confiance était là. La post prod s’est déroulée relativement vite, avec quelques soucis sur la BO. Mais au final j’en suis entiérement satisfait.
Tu joues également un rôle, était-ce un choix ?
Oui. Mon 1er choix était de jouer dans un court. Après plusieurs déceptions en tant que comédien, je me suis dit je m’écris un personnage qui « pète un cable » et je réalise ce film !
Comment as-tu réuni l’équipe technique et artistique ? Des connaissances ?
Oh non ! Je ne connaissais personne ! J’ai recruté toute mon équipe par des annonces sur le net : forums de courts métrages, mailing list, etc. Cela m’a énormément aidé. Ce « casting » de techniciens a pris plusieurs mois, je voulais une entente artistique et humaine à la fois.
Si tu pouvais le refaire, que changerais-tu ?
Je peaufinerais un peu le mixage. A part ça rien ! Le film me convient totalement. J’ai fait ce que j’avais en tête.
Des projets imminents ?
Oh oui, plein ! J’ai tourné Descente en août, un film fantastique d’environ huit minutes. Je suis actuellement en post prod. Le montage est bouclé, l’étalonnage presque fini, et je commence le montage son (un gros morceau). La composition de la BO va suivre également. Les SFX sont de nouveau du talentueux David Scherer, déjà présent sur Fusible. Son travail est énorme ! On ne peut pas trouver plus humble que lui. Je pense finir le film pour début 2009. Reptiles est un film noir co-écrit avec Alexis SZWED en recherche de financement. Et, je commence l’écriture de DR, que j’espére tourner en 2009, film à inspiratons diverses avec mélange de 2D, 3D, matte painting, ce sera dantesque !
Salut Pierre Guillaume.
Je cherche ton film désespérément mais je ne le trouve pas…
Il a été tourné dans l’appartement de ma tante .-).
Comment faire???