Hors-la-loi, El Topo défie, pour l’amour d’une femme, les Quatre Maîtres du Désert. Les ayant vaincus, sa conscience s’élève, jusqu’à ce que sa femme le trahisse. Sa nouvelle vie d’homme saint commence alors et il s’engage bientôt dans la libération d’une communauté de parias.
Comme à son habitude, Jodorowsky commence par quelques scènes chocs qui marquent l’esprit. Ici il s’agit de la vision dantesque d’un village massacré. Les rues baignent dans des mares de sang. Nous découvrons ensuite les exécuteurs, des espèces de nazis du far west qui jouissent et s’amusent de la souffrance des plus faibles.
El Topo est un western d’un type un peu particulier. Les costumes, les extérieurs désertiques et les personnages font inévitablement penser à Sergio Leone. Mais celui-ci aurait vraiment abusé de substance illicite. Car à la place de la brute et le truand, on trouverait un couple de lesbiennes, et le bon serait un peu fétichiste des escarpins et adepte du ménage à trois !
Comme tout western qui se respecte, le film contient son lot de duels. La première partie du film illustre la rencontre avec différents ermites qui vivent dans le désert et chacun étant motivé par une philosophie différente. A chaque fois El Topo doit ruser et apprendre une nouvelle leçon sur la vie. Mais tout ce que va gagner le héros est sa propre perte. Vient ensuite la deuxième partie du film où le cowboy est transformé en Dieu d’un peuple de troglodytes difformes ! Ceux-ci le voient comme un messie qui va les ramener à la surface. Mais une fois de plus, Jodorowsky symbolise la société sous la forme de ce village typique (église, bar) où vivent une espèce d’aristocratie décadente. La scène où de vieilles peaux martyrisent un esclave noir avant de l’exécuter sauvagement en est une démonstration brutale ! La ville qu’il dépeint ici n’est pas loin du Salò de Pasolini.
Comme tous les films de Jodo, on y trouve de l’hémoglobine qui gicle, des animaux sacrifiés et des visions hallucinogènes dont on comprendra plus ou moins la signification cachée ! Et comme à chaque fois, le réalisateur compose sur sa pellicule de véritables tableaux surréalistes où le carmin du sang vient se marier aux tons des différents éléments (sable, eau, ciel, feu).
Bonus :
Un entretien avec Jodorowsky qui revient sur la sortie tumultueuse du film. Ce fut le premier à inaugurer la séance de minuit et à devenir ainsi un film culte. Le réalisateur apporte également quelques explications quant à ses intentions. Il y a dévoile quelques termes de son acabit, mariage de poésie et de science, et y donne quelques clés sur sa propre philosophie.
Bande-annonce, court-métrage « la cravate », galerie photo.
Langues : VO Espagnole DD 5.1 et DD 2.0, VF DD 2.0. Commentaire audio du réalisateur. Sous-titres français. Format 4/3 original.
Ce dvd fait partie du coffret Jodorowsky de Wild Side Vidéo.
J’avais vu plusieurs fois ce film avant remasterisation, à tel point que j’étais pas trop motivé pour allé le voir au ciné (je suis allé voir la Montagne sacrée à la place ; ))
et je suis tombé dessus sur arte après la remasterisation; et bin j’ai beaucoup regretté de l’avoir loupé au ciné. Les couleurs et les décors sont somptueux, alors que dans l’ancienne version tout n’était que ocre, flou et poussière, la remise à neuf nous afait voir de profonds paysages magnifiques et des couleurs hallucinantes. Une nouvelle preuve, si il en était besoin, que la lumière fait tout (c’est ce que je me répète souvent devant la glace.)