Phantom of the paradise est peut-être un des rares films cultes à ne pas galvauder le terme. Privé de grand succès lors de sa sortie en salles, le film de Brian de Palma a finalement trouvé ses fans sur le long terme. L’oeuvre se voit et se revoit, en se bonifiant tel un bon vin. On se demande au final si ce n’est pas tout simplement un film parfait. Le récit, très dense, contient de nombreuses références musicales et énormément d’idées de mise en scène. D’ailleurs, De Palma peine aujourd’hui à se renouveler. Comédie musicale, satire sur le show-business, film de monstre, film fantastique, thriller avec serial killer, comédie burlesque, drame intimiste, tragédie romantique shakespearienne, le film est tout cela à la fois et c’est ce qui le rend indémodable.
A l’heure où le gouvernement tente de traquer l’internaute voleur de musique, le discours de Phantom of the Paradise peut paraître étrange. Car ici c’est Swan, le producteur/agent/magna qui vole la musique d’un artiste inconnu afin d’en tirer profit. Swan pourrait aujourd’hui représenter les majors, prenant la musique pour maximiser le profit grâce à d’obscurs contrats. Brian De Palma souligne qu’il y a toujours eu des tensions entre ceux qui créent de la musique et ceux qui l’exploitent. Mais comme le dit également Brian, aujourd’hui les artistes ne sont plus à la rue mais sont multi-millionaires. Enfin… Cela dépend lesquels. L’économie des oeuvres culturelles est un problème complexe.
Phantom of the paradise est aussi un pur plaisir pour les oreilles grâce à la profonde implication du compositeur Paul Williams, jouant le rôle de Swan justement. C’est amusant car en quelque sorte, il vole sa propre musique ! On appréciera beaucoup le jeu des genres musicaux car la musique de Winslow Leach est adaptée et « remixée » suivant la mode afin de plaire au plus grand nombre. Au point qu’une chanson finit par être interprétée à la façon hard rock, par un chanteur à la sexualité et au look troubles.
On ne compte plus le nombre de scènes cultes dans le film. Des scènes tout simplement très fortes et mises en scène avec génie. Chaque apparition du « phantom » est un grand moment, soit de rire, soit de terreur. L’intensité va crescendo jusqu’à cette scène finale dantesque, C’est aussi l’occasion de découvrir le premier rôle de Jessica Harper, future héroïne du Suspiria de Dario Argento. On trouve également au générique une certaine Sissy Spacek qui officie en tant que costumière et qui deviendra Carrie deux ans plus tard, réalisé par Brian De Palma.
Le passage en HD est réussi même si, sans doute à cause de l’âge du film, on ne peut pas s’attendre à des miracles. Le gain est notable dans les détails (on peut lire les partitions) et dans les arrière-plans (De Palma fait en sorte qu’il s’y passe souvent quelque chose). Rien de neuf par contre du côté du contraste. Les couleurs paraissent un peu délavées mais il n’y a sans doute pas meilleure source. Il y a aussi quelques fourmillements par moment, mais cela paraît être le grain de la pellicule.
Au niveau sonore, c’est une bande son stéréo un peu plate (manque de basse et de dynamique) qui nous est proposée. Là encore, la technologie de l’époque est certainement le facteur limitant. Quelques effets discrets sur les hauts-parleurs arrières ont été ajoutés.
Le documentaire Phantom of the paradise regained est très intéressant car il a été tourné récemment. On revoit donc tous les acteurs quelque trente-cinq ans plus tard. Tous les intervenants reviennent avec enthousiasme sur les conditions de tournage et l’atmosphère qui régnait à l’époque. Ils racontent également quelques anecdotes qui nous permettent de voir le film différemment.
Caractéristiques du blu-ray (première mondiale !) :
● Film avec nouveau master haute définition
● Présentation du film par Gerrit Graham (50’’)
● » Paradise Regained » : témoignage de Brian de Palma ( réalisateur), Paul Williams (acteur et créateur de la musique), Jessica Harper, Peter Elbling, Gerrit Graham, William Finley (comédiens), Ed Pressman (producteur), Paul Hirsch (monteur), Larry Pizer (directeur photo)
● Carte Blanche à Rosanna Norton, costumière (45’)
● Fausse pub du film par William Finley, comédien (45’’)
● Deux films annonces (1’ et 2’)
Sortie le 1er décembre chez Opening.
A tous les chanceux n’ayant pas vu ce chef d’oeuvre, RUEZ VOUS ! Et surtout , en VO… Une claque psychédélique et destroy
Bonjour.
C’est un véritable film culte à voir et à revoir…. Par contre il est extrêmement difficile de trouver ce film en VOST en français, chansons incluses. Pouvez-vous nous confirmer que ce blu-Ray le propose ? Il est en effet dommage de passer à côté des traductions des chansons qui font partie du film et racontent autant l’histoire que les dialogues.
Merci